Evidemment tout un chacun sait ce qu’est SDRIF écrivait un visiteur dans un commentaire agacé sur Paris est sa banlieue, version 20minutes.fr. D’abord j’avais développé SDRIF en Schéma Directeur de la Région Ile-de-France, et puis faute de savoir ce qu’est le SDRIF, tout le monde reconnaîtra bientôt en cet acronyme un des nouveaux sujets de bataille droite-gauche !
Bref, pour clore provisoirement le feuilleton SDRIF, la région et l’Etat se sont parlé par l’intermédiaire de Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France et du Premier Ministre François Fillon. En résulte à travers un communiqué publié sur le site de Matignon, le constat d’un « désaccord entre l’Etat et la région sur le contenu de ce schéma », et la volonté d’engager « un dialogue de fond ». Le communiqué conclut sur le souhait de « continuer à échanger avec le président de la région, en liaison avec le préfet de région, pour réduire ce désaccord et parvenir à intégrer dans le SDRIF toutes les garanties nécessaires, au service des habitants de la région, tant en matière d’emploi que de logement, de transports et de développement durable. »
De son côté, Jean-Paul Huchon salue un esprit de dialogue, avec tout de même une mise en garde “on ne mettra pas au pilon un travail mené depuis plus de trois ans et on ne recommencera pas un schéma sous la dictée de l’Etat“. Cité sur le site du Moniteur, Huchon poursuit, “il y aura la poursuite d’un travail technique avec l’Etat pour réduire les points encore en divergence pour permettre à la région d’affirmer son avenir et à l’Etat de manifester son intérêt pour l’Ile de France, notamment pour les transports en commun.” Fin de l’épisode ouvert par Sarkozy à Roissy, il y a quelques jours, et conclusion de Président de la région : “A l’issue de cet entretien, la procédure d’enquête publique lancée par la région et la poursuite de la procédure d’adoption du schéma directeur est acquise !“
Fin de la première manche, un partout la balle au centre ? A voir…
Et du coup, je n’ai même plus le temps d’écrire mon billet rageur annuel sur Paris-Plages. Mais comme il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, je dois avouer, que ma note n’aurait pas été aussi négative que les précédentes. Bien sûr Paris-Plages continue de m’agacer, comme étant la mauvaise réponse à une bonne question. Mais d’une part, je constate cette année une modération nouvelle dans la façon dont la mairie communique sur cette opération, et surtout l’édition 2007 marque une inflexion intéressante par rapport aux éditions précédentes. Je ne reviendrai donc pas sur le Paris-Plages “classique”, palmiers, sables et transats, dont on ne comprend toujours pas si l’objectif véritable est d’habituer les parisiens à la fermeture de la voie rapide, ou de leur offrir une alternative estivale sous-dimensionnée sur le ruban de goudron de la voie Georges Pompidou.… En revanche, l’extension sur le Bassin de la Villette, même si des activités y étaient déjà organisées les années précédentes, est vraiment une très bonne initiative : sortir de l’hyper-centre et de sa symbolique, exporter le concept Paris-Plages vers la périphérie, et proposer de vraies activités, canoës, kayaks, optimistes, pédalo sur le Bassin de la Villette. Là oui, on répond bien à la question : comment faire profiter de vraies vacances à ceux qui ne peuvent pas partir.
Avec un peu de chance pour son édition en 2008 la mairie osera franchir le périphérique, sans forcément sortir de Paris en faisant du Paris-Plages dans les bois de Vincennes et de Boulogne, et puis avec un peu d’audace ou d’idée, pourquoi pas faire bénéficier l’agglomération, la zone dense, le Grand Paris, du savoir-faire Paris-Plages ? Dans l’un des premiers textes que j’avais écrit sur cette opération, j’avais proposé la création d’un « label Paris-Plages », et d’appliquer la recette aux nombreuses bases nautiques ou de loisirs qui entourent la capitale, de créer des partenariats avec ces dernières, incluant les collectivités territoriales concernées y compris la région, mais aussi la RATP et la SNCF pour offrir aux parisiens intra et extra muros des services d’accès facilités, des navettes si nécessaires, et des tarifs adaptés. Exporter Paris-Plages hors de Paris intra-muros aurait un double avantage. D’une part éviter de concentrer toute l’activité sur le centre de la Ville, et d’autre part ouvrir les parisiens intra-muros vers l’extérieur de la ville, leur faire découvrir que la ville ne se limite pas à la frontière du périphérique, qu’il y a des ressources et des paysages de l’autre côté, que la banlieue, ce n’est pas que des barres et des cités, ou un océan uniforme de mauvais pavillons, que l’on peut faire du vélo au bord de la Marne, que l’on peut faire de la voile à Choisy, de l’aviron à Vaires ou à Cergy, que l’on peut même se baigner, jouer au ballon dans l’herbe, ou simplement respirer sans quitter vraiment Paris. De vraies vacances, sur de vraies plages. Cela permettrait au passage, d’ouvrir l’horizon de ces parisiens intra-muros, de leur apprendre à apprivoiser la Ville, leur Ville qu’ils ignorent ou refusent encore aujourd’hui pour beaucoup trop d’entre eux, en la montrant sous un jour agréable, ludique, apaisé. Et pour revenir au débat sur le Grand Paris, s’il est sûr que rien ne pourra se faire sans l’avis des élus, rien ne se fera non plus sans la compréhension des parisiens, de part et d’autre du périphérique. La ville ne se décrète pas, elle est là où ses habitants la font. Alors pourquoi ne pas commencer avec un été à Grand Paris-Plages ;-)