Barack Obama devrait être élu… sauf imprévu !
(Maréchal de
La Palice revisité)
Seconde partie : les tendances.
Dans un premier article, j’ai évoqué le contenu du deuxième débat Obama versus
MacCain du 7 octobre 2008 à Nashville. Voici maintenant quelques éléments d’appréciation sur les deux protagonistes.
En clair, qui a gagné ce deuxième débat ?
Impressions personnelles
Je donnerais un léger avantage à Obama. Il s’est bien moulé dans sa stature présidentielle et aujourd’hui, c’est lui qui rassure, qui apaise, pas John MacCain dont le flou surprend ou
inquiète.
De plus, MacCain avait ce soir-là l’occasion de redynamiser sa candidature. Il ne l’a pas
fait. Obama a même été percutant, reprenant les « Le sénateur Obama n’a pas compris que… » du premier débat en disant (en substance) que lui, il n’a pas compris pourquoi Bush
Jr soutenu par MacCain s’est autant trompé.
Sondages à l’issue de ce deuxième débat
Plusieurs sondages (réalisés par CNN et CBS notamment) donnent un (léger) avantage à Obama.
15% des indécis auraient été convaincus par Obama, et 12% par MacCain, les autres (72%) resteraient toujours dans l’expectative.
L’opinion favorable à Obama est passée de 60 à 64% tandis que son concurrent ne bouge pas à 51%.
55% estiment qu’Obama a été le meilleur contre 30% qui pensent que c’est MacCain.
Les personnes interrogées pensent qu’Obama est plus intelligent que MacCain (57% contre 25%), plus sympathique (65% contre 28%) et plus clair dans ses propositions (60% contre 30%).
Chez les indécis, 40% pensent qu’Obama a gagné, 26% que c’est MacCain qui a gagné et 34% aucun des deux.
Toujours parmi les indécis, 68% pensent qu’Obama serait capable de prendre les bonnes décisions dans le domaine économique (55% avant le débat) et MacCain pour 48% (41% avant le débat).
Et pour terminer, la guerre en Irak, MacCain est considéré comme le plus compétent pour 61% contre 30% Obama.
Tendances électorales
Mais que donnent plus globalement les sondages à un peu plus de trois semaines des élections ?
Sur l’ensemble du pays, Obama l’emporterait avec en moyenne de 5 à 6% d’avance sur MacCain. Il a fait une légère chute il a quelques jours, sans doute les conséquences des basses attaques du camp
républicain, mais cela n’a été que temporaire.
Toutefois, on sait que ce n’est pas le nombre de voix total (comme en France) qui compte aux États-Unis, mais le nombre de grands électeurs.
Il y a 538 grands électeurs répartis par États. Lorsqu’un candidat gagne la majorité des suffrages d’un État, il gagne la totalité des grands électeurs associés à cet État.
C’est comme cela que George W. Bush a gagné face à Al Gore, il était minoritaire en voix mais avait réussi in extremis (et encore, l’Histoire dira le contraire) à remporter la Floride et ses 27
grands électeurs.
C’est évidemment un système très archaïque, qui provient de l’origine des États-Unis, chaque État étant très jaloux de l’influence qu’il peut avoir sur l’ensemble de la nation américaine.
Pour gagner la Maison Blanche, il "suffit" de remporter au moins 270 grands électeurs.
De plus, il y a de nombreux États où la tendance est largement connue depuis longtemps. Les Démocrates sont présents plutôt sur la Côte Est, la région des grands lacs, l’Ouest californien (au
sud) et industriel (au nord) et les Républicains plutôt dans les États du Sud et dans le grand Middle West.
On distingue trois type d’États : les déterminés ("solid") dont le résultat ne fait plus aucun doute car l’écart dans les sondages est supérieur à 9%, ceux qui penchent ("leaning") dont la
tendance serait difficile à inverser mais encore possible, avec un écart entre 4 et 9% et enfin, les indécis ou hésitants ("toss up") avec un écart dans les sondages inférieur ou égal à 4% et qui
peut s’inverser rapidement.
Pour se faire une idée quotidienne des sondages, je vous recommande de lire
ceci.
Situation à J-25
Au 10 octobre 2008, Barack Obama aurait des chances très sérieuses d’être élu.
En effet, il pourrait compter sur 211 grands électeurs issus d’États déterminés et même de 66 autres d’États qui pencheraient en sa faveur, soit 277 supérieur à 270.
De son côté, John MacCain ne pourrait compter que sur 143 issus d’États déterminés à ajouter aux 15 issus d’États qui pencheraient républicains, soit 158.
103 grands électeurs seraient issus d’États encore largement indécis, parmi lesquels la Floride (27 grands électeurs) qui donnerait un léger avantage pour Obama (3% d’écart, mais cet écart se
réduit depuis quelques jours) et l’Ohio (20 grands électeurs) également légèrement démocrate (3% d’écart).
En revanche, la Pennsylvanie (21 grands électeurs) et le Michigan (17 grands électeurs) seraient déjà sous l’escarcelle d’Obama avec un écart respectivement de 14% et de 8%. D’ailleurs, il y a
quelques jours, MacCain avait décidé d’abandonner sa campagne dans le Michigan car il la trouvait désormais inutile.
Mais notons que dans l’actuel rapport des forces, Obama n’aurait besoin ni de la Floride ni de l’Ohio.
Précautions d’usage
Attention, tout cela ne sont que des sondages, c’est-à-dire des photographies très ponctuelles de l’opinion publique. Il reste encore trois semaines, et un troisième débat le 16 octobre 2008
avant les élections.
Les évolutions sont en effet très rapides. Ainsi, du jour au lendemain (du 9 au 10 octobre 2008), 10 grands électeurs considérés pour Obama comme sûrs sont devenus probables seulement, et 5
grands électeurs considérés pour MacCain comme probables sont passés incertains. Les positions d'Obama se renforcent en Pennsylvanie et dans le Michigan, mais s'affaiblissent dans l'Ohio et en
Floride.
Même si la probabilité en reste très faible, rien n’empêcherait qu’un événement extérieur puisse perturber profondément les tendances actuelles. On l’avait vu en Espagne avec les attentats de
Madrid quelques jours avant des élections qui ont inversé les résultats par rapport aux tendances préélectorales.
Barack Obama paraît le savoir, car s’il se prépare à la fonction, aux côtés de vieux routiers de la politique et de l’économie américaines, s’il montre sa confiance en son élection (comme tout
candidat), il ne fait pas de triomphalisme.
On ne doit pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.
Ce n’est pas la chasseuse d'ours Sarah Palin qui contredira !…
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (10 octobre 2008)
Pour aller plus loin :
Vidéo
complète du 2e débat Obama vs MacCain du 7 octobre 2008 à Nashville.
Sondages après le
2e débat.
Pour observer les tendances
de l’opinion publique américaine.
À propos du 1er
débat Obama vs MacCain du 26 septembre 2008 à St. Louis.
http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=45591
http://fr.news.yahoo.com/agoravox/20081011/tot-usa-2008-aubaine-pour-obama2-89f340e.html
http://www.lepost.fr/article/2008/10/14/1287986_usa-2008-aubaine-pour-obama-2.html