Travail au noir : qui est trop protégé, ou pas assez ?

Publié le 18 mai 2008 par Pguillery

Lue sur Marianne2.fr, une note de lecture de Jérôme sage. Passionnant.

Dans son livre Le Travail au noir, une fraude parfois vitale, la sociologue Florence Weber explore la réalité du travail non déclaré - et brise au passage quelques idées reçues. En quelques pages s'expose toute la complexité du travail non déclarés. Les uns et les autres ont leur avis sur la question ("une nécessité pour des employeurs pris dans un droit du travail coercitif, incapables de faire face à l'usine à gaz des charges sociales" ou à l'inverse "la négation du droit du salarié à une protection sociale digne de ce nom au profit du patronat qui s'en met plein les poches").

Florence Weber casse ces schémas bien pratiques pour mettre en question non pas le cynisme des employeurs mais le système de protection sociale. Bien entendu, la misère est réelle, bien entendu les patrons-voyous existent. Mais l'ampleur du phénomène (entre 5 et 10 % du PIB des pays développés) exclut que l'on s'arrête à ces cas. Car le problème, explique-t'elle, est ailleurs : dans les outils de visibilité de l'État pour mesurer les situations et organiser la solidarité: des outils obsolètes toujours fixés sur le modèle d'emploi des années 70, existence d'angles morts dans ce regard de l'État (les chômeurs n'ayant jamais travaillé, les jeunes...) qui faussent le jeu de la redistribution.

Qui est trop protégé, qui ne l'est pas assez ? Voilà une question à laquelle on n'est plus capable de répondre. Par ce que le système, nous dit ce petit livre, agit sur le mode de la criminalisation du travail au noir, le faisant tomber dans l'immaîtrisable clandestinité. Sans que soient par ailleurs imaginés d'outil plus fin que le traitement aveugle. Une PME vaut-elle une entreprise du Cac 40 ? L'agriculture vaut-elle la restauration ? Un petit livre qui risque bien de bloquer le lecteur au moment d'énoncer des avis très tranchés sur la question.

(c) Marianne2.fr, Jérôme Sage