Les remplacements sous la pression de l'opinion et de Bruxelles
Zagreb - Au motif du meurtre d'Ivana Hodak, 26 ans, le Conseil national de sécurité va se réunir aujourd'hui à Zagreb, tandis que le Parlement devrait confirmer la nomination des nouveaux ministres de l'Intérieur et de la Justice, ainsi que du nouveau chef de la police.
La fille d'un avocat bien connu à Zagreb, Zvonimir Hodak, avait été brutalement assassinée lundi avec deux balles dans la tête dans le couloir de l'immeuble où elle vivait, en plein centre de Zagreb, d'une façon qui rappelle les éliminations classiques de la mafia.
L'opinion voit la toile de fond de cette affaire dans le fait que son père Zvonimir Hodak est l'avocat du général Vladimir Zagorec, une figure controversée accusée pour profits en temps de guerre, mais aussi dans le fait qu'Ivana entretenait une liaison avec Ljubo Pavasovic Viskovic, l'avocat de l'adversaire de Zagorec, Hrvoje Petrac, lui aussi un homme d'affaires controversé. La police interroge un grand nombre de personnes afin d'en savoir plus sur l'affaire. Hier ont été interrogés les fils d'Hrvoje Petrac, Novica et Nikola.
Leur père, qui endure une peine de six ans de réclusion dans la prison de Lepoglava pour avoir participé dans l'enlèvement du fils de Zagorec en 2006, a été transféré pour raisons préventives dans une aile mieux surveillée de la prison. Aujoud'hui, une séance du Conseil national de sécurité est prévue durant laquelle, d'après les annonces, le sommet de l'Etat et les chefs des services de sécurité analyseront le niveau de sécurité dans le pays et ensuite envisageront les résultats atteints à ce jour ainsi que d'éventuelles nouvelles actions dans la lutte contre la criminalité, en mettant un accent spécial sur les tout derniers événements.
En même temps, le Parlement devrait confirmer la nomination des nouveaux ministres de l'Intérieur et de la Justice Tomislav Karamarko et Ivan Simonovic, ainsi que de Vladimir Faber au poste de nouveau chef de la police. Leur nomination a été saluée positivement avant tout parce que ces trois personnes n'appartiennent pas aux partis, mais aussi parce elles ont prouvé avec leur travail à ce jour qu'elles savent et peuvent faire bouger les choses et résoudre les problèmes accumulés dans leurs secteurs respectifs.
Une partie des commentaires affirment néanmoins que la décision sur le remplacement des ministres, à laquelle [le Premier ministre] Sanader s'était opposé dans les premières heures après le meurtre, a été donnée sous une forte pression autant de l'opinion intérieure que de l'Union européenne. On ajoute que Bruxelles avait été choqué par ce qui s'est passé à Zagreb, dès lors où il est devenu manifeste qu'à Zagreb règne en réalité la mafia et non pas les structures légales de l'Etat. Dans un commentaire paru hier dans le Jutarnji list sur ce thème, il est estimé que "la débacle dans la lutte contre le milieu n'a jamais été le fruit de la seule incompétence des ministres, mais est principalement déterminée par un manque de volonté politique de réaliser véritablement ce travail".
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Source : Danas, le 10 octobre 2008.