En situation de crise, les conseils des anciens sont souvent les bienvenus. VGE notre inoxydable ancien président de la République a choisi de déposer son caillou dans le jardin du battage médiatique autour du krach financier mais aussi dans la chaussure de Nicolas Sarkozy. L’actuel locataire de l’Elysée n’est pas épargné par son prédécesseur. « C’est une crise qui a été aggravée par l’incompétence et l’agitation». L’Elysée et Matignon apprécieront.
Qui de mieux pour parler gros sous qu’un ancien Chef de l’Etat, ancien ministre de l’économie et des finances de 1969 à 1974, auvergnat de surcroît ? VGE appartient à cette catégorie si particulière de figures tutélaires de la politique françaises. Un rien prolixe avec un avis souvent éclairé sur nombre de domaines.
Délaissant un temps son combat sur les éoliennes, qui vaut beaucoup plus que la facile caricature de don Quichotte contre les moulins à vent, VGE dans un entretien au quotidien économique La Tribune relativise la peur générale liée à la crise financière. Au delà d’un appel au calme, celui qu’on a longtemps baptisé l’Ex, affirme que « les épargnants français n’ont jamais couru, à aucun moment, aucun risque pour leurs dépôts ».
L’affirmation si tranchée interpelle. Soit VGE serait désormais touché par les effets néfastes de l’âge soit, pour des raisons de politique intérieure, la situation aurait été dramatisée afin de s’assurer un réflexe d’unité nationale. Sans arriver jusqu’à cette conclusion, l’ancien chef de l’Etat dresse un réquisitoire des plus rudes à l’égard de l’exécutif. Outre le passage sur le fait que “c’est une crise qui a été aggravée par l’incompétence et l’agitation”, VGE se révèle particulièrement rugueux lorsqu’il ajoute : « L’incompétence, parce qu’on n’a pas traité le véritable sujet au début, et qu’on a attendu beaucoup trop longtemps. L’agitation, parce qu’on a fait passer l’opinion d’un état d’inquiétude -qui était compréhensible- à l’affolement ».
VGE finit par brouiller nos fragiles repères lorsqu’il complète son propos par une critique des économistes (et politiques avec François Fillon) qui font le parallèle avec la crise de 1929. «S’ils continuent à faire la comparaison avec les années 1930, ils vont finir par l’obtenir». Plutôt rassurant VGE estime que la crise actuelle ressemble davantage à celle de 2001 et que les grandes entreprises industrielles françaises et européennes, ne sont pas concernées.
Original de bout en bout dans sa réflexion, l’ancien Chef de l’Etat déclare préférer la solution américaine, celle du plan Paulson, de racheter aux banques leurs créances pourries à la solution britannique, qui consiste à faire entrer l’Etat dans le capital des banques. « Il est préférable de laisser opérer les banques elles-mêmes, en les débarrassant provisoirement de ces créances douteuses. ll n’y a pas lieu de déverser des fonds publics pour renflouer les établissements qui ont partiellement exercé une fonction spéculative lorsqu’ils sont à même de supporter les pertes.» De toute évidence cette dernière phrase mériterait de larges développements. Le libéral VGE, qu’on ne peut accuser en l’espèce de démagogie de salon, toucherait-il du doigt le point faible de la thérapie retenue ?
Et l’Union européenne si chère à son cœur dans tout ça ? «l’idée que nous puissions trouver des solutions communes à 27 ne paraît pas très réaliste. La diversité des situations est trop grande, mais il peut y avoir une réflexion et une approche communes (…). »
L’avenir proche nous dira s’il faut conserver ou pas de la crédibilité aux propos d’un ancien président de la République de 82 ans.