Nous avons rendez-vous ce soir et je suis impatiente, cela fait plus de deux mois que je ne lui ai pas parlé puisque son travail est de m’écouter. Deux mois de coupure liés à nos vacances
respectives.
Deux mois que j’imaginais courts, dans l’euphorie du retour de ce Zanskar que je savais si riche pour moi. Ce voyage et ces grands espaces auxquels je me ressourcerais comme je le fais à chaque fois que je pars. Cette parenthèse que je m’accorde pour prendre un peu de distance par rapport à mon quotidien. Ce défi que je partais relever mais dont j’étais prête à assumer la non réussite en envisageant que je n’aille pas au bout du trek.
Deux mois que je ne pensais pas que je trouverai longs, même si le retour est toujours difficile.
Sauf qu’au choc du retour s’est rajoutée une inconnue que je n’avais pas prévue, le retour de mon intruse. Et que s’est reposé le problème de ce traitement que je ne suis pas sûre d’arriver à reprendre. Et l’acceptation de ma maladie aussi puisque cela fait maintenant deux poussées espacées dans le temps et dans l’espace, des critères cliniques qui s’additionnent aux critères radiologiques qui suffisaient à mon neurologue pour poser son diagnostic. Mais pas à moi.
Un nouveau travail de deuil et d’acceptation donc qu’il m’a fallu commencer à faire sans son aide mais avec celle de mes amis du réel et du virtuel (un merci particulier à toi Tisseuse). Avec l’aide de l’écriture aussi dans laquelle j’arrive souvent à exprimer ce que ma bouche se refuse à dire, ce que mon être se refuse à accepter. Mais quand cela finira-t-il alors que le fragile équilibre que j’arrive péniblement à construire à chaque irruption de ma sep est sans cesse remis en question?
Je suis une vraie funambule en équilibre précaire sur le fil de cette maladie, j’avance parce que je ne peux pas m’arrêter au milieu du fil mais je ne sais pas quand sera le prochain support où me poser un peu plus calmement.
Elle est en tout cas un de ces balanciers qui m’aident à me maintenir en équilibre, même instable, sans que je
ne chute dans un vide qui me semblait attirant il n’y a pas très longtemps.
Je suis heureuse de la retrouver, elle qui m’a amenée sur le chemin de l’écriture pour m’aider à retrouver la parole.