Il y a des jours...

Il y a des jours comme ça, où on a envie de gueuler.

Il y a des jours comme ça, où l'on se rend compte de l'absurdité de notre métier.

Moi, par exemple, aujourd'hui, je me rends compte que je ne connais pas ma classe de 6e. Je suis pourtant leur prof de français. Je suis pourtant leur prof principale.

On a inventé, dans le cadre d'ambition réussite (c'est un joli nom, n'est-ce pas ?), les cours en "barrettes" dans lesquels les groupes classes sont sans cesse cassés, où des élèves voient watmille profs qui tournent sans cesse...Dès la 6ème. Comme si ces élèves n'étaient pas assez déstabilisés par l'arrivée au collège...

Ces élèves, je ne les vois plus que 3 heures par semaine. Ce soir, en rentrant les notes, je me rends compte que je n'ai fait qu'une seule évaluation, avec eux.

Je ne peux pas dialoguer avec eux, instaurer une relation de confiance.

Et le pire, dans tout ça, c'est que les inspecteurs, des tonnes d'inspecteurs, pire que dans le cauchemar de prof le plus cauchemardesque, défilent sans arrêt dans ces classes en "barrettes". Parce qu'ils trouvent ça innovant, fantastique, génial.

Cet enthousiasme fait peur : à croire que c'est une idée qu'ils vont bientôt imposer à tout le monde, partout.

Ces gamins sans repères sont encore plus perdus. Et puis ces étrangers au fond de la classe, je sens bien que ça ne leur inspire rien de bon. Tenez, un de mes terribles, à la fin de l'heure, tout à l'heure, est presque allé en taper cinq à la brave dame, en lui disant : "M'dame, ça m'a fait plaisir de vous voir...J'espère que vous reviendrez l'année prochaine..."

Etonnant, non ?

CC