Oh, je suis remontée comme un coucou, ce soir ! (oui, je sais, cette expression a un copyright de la Naze Académie, mais elle est très appropriée !)… Pourquoi ?... Parce qu’on me cache des choses, on me trompe, on me spolie, on m’entourloupe, on me ment, on m’embrouille… Oui, on me fait croire depuis bientôt dix ans que je bosse dans le secondaire, et bien c’est faux !... C’est archi-faux !... Ce sont des mensonges !... Je travaille, en fait, dans une école maternelle, avec des enfants en bas âge ! Ce sont les réactions de mes élèves qui m’ont amenée à ce terrible constat aujourd’hui.
Je ne sais pas pourquoi, aujourd’hui, ces demoiselles avaient décidé de ne pas être attentives au cours… Entre celles qui sont captivées par le lissage de leur frange, celles qui essaient de draguer un adolescent en pleine poussée hormonale, celle qui se prend pour Picsou en comptant ses sous, et celles qui n’écoutent pas les consignes, j’ai un peu pété les plombs, aujourd’hui… Oh, elles savent qui je suis ?... Je suis une folle, moi ! Je les fracasse ! (Elie Kakou, sors de ce corps !). J’ai donc fait une descente dans les carnets de correspondance ; puisque ces demoiselles n’ont pas la tête à travailler pendant les cours, elles travailleront à la maison. Non mais oh !
Et là, ça a été opération « je boude », « je fais du boudin », « j’ouvre une charcuterie spécialisée en boudin ». Elles ont réagi comme des petites filles à qui on aurait confisqué leurs barbies ou leurs collections de paninis de Charlotte aux fraises. Et vas-y que je te fasse ma moue de gamine contrariée, que j’essaie l’option larme à l’œil, que je jette des regards noirs à la méchante prof qui veut nous faire travailler… Bouh, c’est caca boudin l’école ! Et la prof aussi, c’est du caca boudin ! (et de premier choix, s’il vous plait !)
J’en ai même eu deux qui ont décidé, pour me punir d’avoir remarqué qu’elles ne faisaient absolument rien, de ne plus prendre le cours. Oui, oui… Je fais du boudin, la prof est trop pas gentille, alors pour me venger, je ferme mon cahier, mon livre et je croise les bras. Youhou, c’est la fête du string !... Et bizarrement, quand je leur ai fait remarquer qu’en agissant de la sorte, la punition allait être doublée, les cahiers se sont ouverts et, comme par magie, les stylos ont recommencé à écrire… Waouh, je suis une magicienne ! En fait, je suis la fille d’une relation d’une nuit entre Garcimore et David Copperfield !
Non mais, c’est quoi cette phase de régression ? Elles vont bientôt faire pipi dans leur culotte, là ? Elles vont aller s’acheter un survêtement de Dora ?... Enfin, l’année passée, on a bien vu des élèves de 3ème se balader pendant un trimestre avec des sucettes dans la bouche… Oui, elles régressent… Ah, ça veut jouer les femmes en s’habillant et en se maquillant comme telles, mais ça réagit comme des petites filles gâtées pourries dès qu’on les contrarie… A ce rythme-là, je pense qu’un jour, je vais en voir une taper des pieds et se rouler par terre !
Quand je pense que notre cher et tendre ministre de l’Education Nationale a osé dire que les institutrices de maternelle étaient juste bonnes à changer les couches et à surveiller des siestes, il se trompe : on est aussi là pour tempérer les crises de boudin aiguës des têtes blondes. Donc, puisque je gère des classes de maternelle (grande section, quand même !), c’est décidé : demain, j’amène des couches au collège, je fais faire la sieste aux élèves que j’ai l’après-midi et je ne propose que des activités peinture ou pâte à modeler. Ca, au moins, ça sera en adéquation avec la puérilité de certains !