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De la morale en politique
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Miguel Garroté – De la morale en politique. Voilà le genre de sujet que - de nos jours - l’on devrait éviter d’aborder, sous peine de passer pour une dangereux réactionnaire. La morale,
selon une définition ancienne et classique, c’est l’ensemble des règles qui doivent diriger l'activité libre de l'homme, ensemble décomposé en deux parties : démontrer que l'homme a des devoirs, des obligations ; et faire connaître ces devoirs, ces
obligations. Pour Pascal (Pensées 1, 6) « toute notre dignité consiste en la pensée....travaillons donc à bien penser ; voilà le principe de la morale ». La politique, toujours selon
une définition ancienne et classique, c’est ce qui s'applique à la connaissance des affaires publiques,
du gouvernement des États. Si maintenant je m’aventure à mettre la morale en relation avec la politique, selon les deux définitions ci-dessus, alors la politique, les
affaires publiques et le gouvernement des Etats, sont avant tout, l’accomplissement de devoirs et
d’obligations. Pour ce qui me concerne - c’est ma conviction personnelle et rien de plus - la morale exercée en politique, n’est réalisable, que si les dirigeants politiques reconnaissent,
que par eux-mêmes, ils sont incapables d’y parvenir. Autrement dit, qu’il existe un Maître et Créateur de l’Univers, sans lequel nous ne pouvons rien faire de bon. A cet égard, il m’a paru intéressant de reproduire ci-dessous, une
réflexion sur le vote évangéliste aux USA ; un récent sondage sur les valeurs familiales en France ; et un article de Guy Millière (qui relève notamment les valeurs fondatrices des USA) ainsi qu’un article de Karl
Rove (qui discute les qualifications d’Obama), articles portant tout deux sur les présidentielles américaines.
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Pour commencer, je reprends ci-après quelques extraits d’un article - sur les évangélistes et McCain - paru dans l’hebdomadaire français Valeurs Actuelles (VA) d’aujourd’hui jeudi 9 octobre 2008 : « Les évangélistes, pour qui les questions morales (l’avortement en tête) guident le vote, représentent un électeur sur quatre. (...) Leur vote sera donc très important et même déterminant dans quelques États clés comme la Floride, la Virginie, l’Ohio et le Colorado, où ils sont très nombreux. Cette ‘droite chrétienne’ pouvait faire la force de John McCain, en recul dans les sondages. (...) En 2004, 78% d’entre eux avaient voté pour George Bush, ils représentaient près de la moitié de son électorat. Bush avait dû ce succès au lien personnel construit par le candidat avec ces électeurs, à l’accent mis sur les questions morales et à une stratégie conduite sans faille. Les républicains n’avaient pas connu une telle mobilisation depuis l’élection de Ronald Reagan. (...) John McCain peut-il répéter le succès de son prédécesseur ? Un très récent sondage le crédite de 71% des voix évangélistes, contre 21% pour Obama. Mais la moitié seulement de cet électorat soutient le candidat républicain avec enthousiasme, soit deux fois moins que pour Bush en 2004. Il s’agirait d’un vote anti-Obama plutôt que pro-McCain, selon certains analystes. Le meilleur argument de McCain en direction de cet électorat est bien sûr le choix de sa colistière, Sarah Palin ».
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Et à propos de « questions morales » justement, il se trouve qu’un tout récent sondage Ifop-Kidexpo publié aujourd’hui jeudi 9 octobre 2008 dans le quotidien français La Croix montre un fort attachement des Français aux principaux rendez-vous de la vie familiale. En effet, 53% des parents de France favorisent les rencontres familiales, seuls 12% disent les fuir. La famille privilégie en particulier la Fête de Noël, considérée par 70% des sondés comme un moment de retrouvailles et de rassemblement incontournable. 80% des parents dînent avec leurs enfants. Le petit déjeuner est l’occasion d’un échange pour 53% des familles. Lors des week-ends, les repas, parfois préparés en commun, rythment la vie de famille, y compris le goûter l’après-midi.
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Guy Millière, pour les 4 Vérités hebdo du mercredi 8 octobre 2008, dans un article intitulé Et si Obama était élu ? écrit : « Le temps se couvre sur la planète. Rien d’étonnant, hélas, concernant l’Europe. Entre vieillissement des populations, islamisation diffuse, confiscation de la démocratie, asthénie économique découlant du poids des systèmes socialistes et socialisants d’États-Providence, l’Europe est épuisée. On y vit au jour le jour. On y attend la mort qui vient. Il peut s’y dessiner des crispations parfois, mais elles peuvent vite prendre des colorations saumâtres de type fasciste ou national-socialiste, ainsi en Autriche voici peu. Après avoir dit que la crise financière ne toucherait pas l’Europe, on pratique des réponses dirigistes avec une énergie qui laisse penser que seules des réponses susceptibles de mener vers la sclérose terminale suscitent encore quelques élans. Il n’y a malheureusement pas que l’Europe qui soit concernée, et ce qui se passe aux États-Unis ne pousse guère à l’enthousiasme ».
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« J’ai passé dans le pays plusieurs mois cette année, poursuit Millière, je l’ai parcouru en de multiples directions, d’Est en Ouest, du Nord au Sud, de villes en villages aux fins d’en faire un livre qui serait un portrait détaillé de l’Amérique à la fin des années Bush, et j’y ai discerné des tensions, des lassitudes, des inquiétudes concernant l’avenir, des volontés de tourner une page ouverte dans les douleurs du onze septembre, mais aussi, dès qu’on sort des grands centres urbains tenus par la gauche bobo, un attachement maintenu aux valeurs fondatrices, celles datant des années George Washington - Thomas Jefferson. Je pensais que cet attachement aux valeurs fondatrices l’emporterait en fin de compte, et permettrait une élection de John McCain. J’évoquais aussi la possibilité inverse, et j’en viens à considérer que c’est cette possibilité inverse qui pourrait se concrétiser avec l’élection de Barack Obama. Ce qui aura joué ? L’atmosphère de panique qui a résulté de ce qui vient de se passer à Wall Street. L’entretien de la panique par les grands médias et par le parti démocrate. L’inaptitude des républicains à développer une réponse audible et claire. Si Barack Obama est élu, cela ne signifiera pas la fin des valeurs fondatrices, ni celle des institutions ou du capitalisme américain : il est même vraisemblable que l’éventuelle élection d’Obama ne soit qu’un épisode, un intermède au cours duquel celui-ci montrera qu’il n’a pas l’étoffe d’un Président. Cela signifiera néanmoins la victoire temporaire aux États-Unis d’une narration socialisante concernant l’économie et le monde, et cette victoire aura des conséquences. On peut penser que des mesures protectionnistes et redistributrices seront prises qui retarderont le retour à une croissance robuste et ne seront pas sans effets sur l’économie planétaire : du côté de la Chine et de l’Inde, entre autres, mais aussi de celui de diverses contrées européennes. Quand l’économie américaine est détraquée, c’est le reste du monde qui en souffre ».
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« La politique étrangère américaine, ajoute Millière, prendra les couleurs de l’apaisement et le message sera pleinement reçu par les régimes néo-autoritaires qui, déjà, placent leurs pions sur l’échiquier : Poutine, Ahmadinejad et Chavez ne seront pas les derniers à féliciter chaleureusement le nouvel élu s’il se prénomme Barack Hussein. Après le temps des félicitations, viendra celui de l’action. Les victimes déjà désignées d’un éventuel affaiblissement américain se situent dans les pays d’Amérique latine pas encore touchés par le caudillisme chaviste, en Irak et en Afghanistan, mais aussi en Israël où il faudrait, pour résister, des dirigeants de la trempe d’un Menahem Begin. Elles se situent, au-delà de la Géorgie, en Ukraine aussi. Les démocrates, voici trois décennies, ont réussi à faire élire Jimmy Carter après avoir organisé une débâcle au Vietnam. On pourrait voir survenir, je n’ai pas été le seul à le dire, le second mandat de Jimmy Carter – voire pire encore, car Obama est nettement plus à gauche que Carter : la débâcle que souhaitaient ardemment les démocrates cette année pour parvenir à leurs fins n’a pas eu lieu en Irak, mais au New York Stock Exchange. La brève ère Carter avait apporté la stagflation, les files d’attente devant les stations services, la plus grande avancée soviétique sur la planète depuis 1945, et l’arrivée au pouvoir de Khomeyni. Que réserveraient de nouvelles années Carter ? Je préfère n’y pas songer… ».
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Karl Rove, dans le Wall Street Journal d’aujourd’hui jeudi 9 octobre 2008 écrit : « Il existe des signes inquiétants pour Obama : jamais depuis Dukakis autant d'électeurs estiment qu'un candidat n'a pas les qualifications nécessaires pour être Président ».
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Les qualifications sont - évidemment - essentielles. La morale en politique n’est pas moins essentielle pour autant. La morale, selon la définition citée en introduction, doit diriger l'activité libre de l'homme. Je note le mot « libre ». Selon Pascal, également cité en introduction, la morale est notre dignité. Je note le mot « dignité » qui vient s’ajouter au mot « libre ». C’est ce qui m’a amené, encore dans mon introduction, à induire que le gouvernement des Etats est avant tout l’accomplissement de devoirs et d’obligations. A induire que la morale exercée en politique, n’est réalisable, que si les dirigeants politiques reconnaissent, que par eux-mêmes, ils sont incapables d’y parvenir, qu’il existe un Maître et Créateur de l’Univers, sans lequel nous ne pouvons rien faire de bon. Nous avons vu plus haut que les évangélistes représentent un électeur sur quatre au USA. Et que 71% d’entre eux voteront pour McCain. Nous avons également vu plus haut que, en France, 80% des parents dînent avec leurs enfants. Guy Millière, on l’a aussi vu plus haut, signale que « si Barack Obama est élu, cela ne signifiera pas la fin des valeurs fondatrices, ni celle des institutions ou du capitalisme américain : il est même vraisemblable que l’éventuelle élection d’Obama ne soit qu’un épisode, un intermède au cours duquel celui-ci montrera qu’il n’a pas l’étoffe d’un Président ». Tous ces éléments, réunis dans le présent article, pour peu qu’on les relie entre eux, permettent de discerner la réalité suivante : en dépit du matraquage politico-médiatique contre la morale judéochrétienne, présentée comme une abomination passéiste, la majorité des citoyens souhaite être dirigée par des politiciens qui reconnaissent avant tout leurs devoirs et leurs obligations. Pour l’obamania maisoixantehuitarde, pour les chantres de la famille « recomposée », avec si possible deux parents du même sexe, pour le feuilleton écolo-communiste « Plus belle la vie » sur France 3, la réalité présentée ci-dessus constitue un terrible échec. On ne balaye pas 5769 années d’histoire en quarante ans d’imbécillités. Lisez le « Mai 68 » de François Célier paru chez Cheminement. Il vient de sortir en librairie.
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© Miguel Garroté 2008
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