Une autre education .....

Publié le 09 octobre 2008 par Osmose

  Il ne semble pas préférable de commencer à réfléchir sur l’éducation en se demandant directement quelle est sa définition.
Répondre à deux autres questions permettra de savoir non pas ce qu’est, de fait, l’éducation, mais ce qu’elle devrait être – ou ce que l’on voudrait qu’elle soit. On notera que l’ordre dans lequel sont posées ces questions est ici déterminant.

Premièrement, quel doit être le but – ou quels doivent être les buts – visé(s) par l’éducation ?
L’étymologie ne sera pas ici d’un grand secours : éduquer, c’est en latin « conduire hors de », mais hors de quoi ?
Même si l’on précise « hors de l’enfance », il faudra d’abord expliquer à quel “modèle” d’adulte on veut conduire l’enfant, et il faudra ensuite montrer que les adultes n’ont plus à être éduqués, ce que l’expérience commune réfute quotidiennement.

Un peu plus concrètement, toute une tradition philosophique en général et humaniste en particulier voudrait faire de l’éducation le moyen par lequel le plus grand nombre d’hommes possible parviendront à leur complet épanouissement intellectuel au sens le plus large des termes, épanouissement dont la nature est par ailleurs sujette à débat.
On a également souvent assigné une fonction politique à l’éducation : celle-ci devrait disposer les hommes à être de futurs – et bons ! – citoyens. Mais d’autres rétorqueront que ces nobles (?) idéaux ne sont que de dangereuses chimères, et que l’éducation doit avant tout préparer les hommes à être matériellement indépendants, c’est-à-dire leur donner les capacités d’acquérir – voire leur donner tout court – une profession.
Les efforts de tous les acteurs de l’éducation devraient alors être tournés vers cette intégration à la société par le domaine professionnel.

La question qui se pose alors est de savoir si ces différents objectifs sont conciliables – et si dans ce cas il faut en opérer un savant équilibre – ou s’il faut en privilégier un – lequel ? –, quitte à devoir renoncer aux autres.

Deuxièmement, quels seront les moyens d’une telle éducation ?
Autrement dit, comment parvenir aux buts préalablement définis ?
Et notamment, qui aura la charge de l’éducation ?
On a à ce sujet suffisamment remarqué que l’éducation était en fait la combinaison de plusieurs influences. La famille, l’école et, d’une manière plus générale, tous les groupes et les milieux sociaux auxquels une personne est confrontée au cours de sa vie, participent à son éducation.

Il faut toutefois remarquer que certains philosophes et écrivains sont allés jusqu’à contester le droit des parents à éduquer leurs enfants, et il semble encore plus légitime à certains de vouloir supprimer la responsabilité de l’Etat en matière d’éducation.
Et bien que les compétences éducatives de la famille ou de l’Etat ne semblent pas en elles-mêmes contestables, c’est toujours l’accusation d’inefficacité qui tente de justifier ces “transferts d’autorité”.
On voit bien ici que la question des buts de l’éducation conditionne catégoriquement celle de ses moyens et des personnes qui en ont la charge.

Or aujourd’hui, c’est le contraire qui semble se mettre en place : la question des moyens conditionne celle des fins. Car l’éducation est devenue un marché, c’est-à-dire une source potentielle de profits économiques pour les grandes entreprises.
Celles-ci l’ont bien compris, puisqu’elles cherchent – juste retour des choses, diront certains… – à déposséder l’Etat de sa mission éducative, notamment par le financement de la recherche.
En se rendant ainsi “indispensables” à la société, elles sont de plus en plus à même de décider des fins de l’éducation à venir : celles-ci seront, espèrent-elles, purement professionnelles, et développeront aussi peu que possible l’esprit critique – luxe inutile et même nuisible pour un “bon” travailleur
.