Commençons par le bon : en prenant la décision de se détacher du comic original, Del Toro relâche la pression et se fait plaisir avec son personnage fétiche. Très second degré, moins noir et sérieux que l'original, décomplexé, action plus explosive... tout est réuni pour faire de cette suite un vrai divertissement fantastique. Mission réussie. Multipliant les monstres, les décors fantaisistes ainsi que les situations les plus insolites, le deuxième volet des aventures du diable rouge passe beaucoup plus vite et s'octroient une franche partie de déconnade virevoltante.
Dialogues et situations décalés, délires OVNI au sein d'une histoire de royaume des ténèbres... Hellboy II se différencie clairement de son modèle et propose quelque chose de nouveau. Passé un prologue en synthèse qui surprend autant qu'il inquiète (on lorgne clairement vers un Lord of the rings assez grossier), nous retrouvons un Helboy ado et le ton est vite donné : ça va aller vite et assurer le décalage. On ne s'y trompe pas.
Chaque personnage est de retour (enfin presque) et Del Toro s'empresse de les faire évoluer avec ce qu'il faut comme dosage de "questionnement personnel". Sans franchir la barrière du gros drame existentiel qui pourrait passer pour du lourdeau, le film reste à la frontière entre la déconne et les vraies valeurs de monstres de foires montrés du doigt. Ainsi, le long métrage gagne en profondeur tout en la jouant entertainment. Un très bon point.
Toujours dans la peau du monstre rouge, Ron Perlman bouffe l'écran et s'en donne à coeur joie. Répliques déjà cultes, force de la nature... ses duos avec Selma Blair, Jeffrey Tambor ou Doug Jones frôlent les moments les plus jouissifs (voir la scène de "cuite" sur du Barry Manilow, complètement surréaliste). Les effets visuels font le reste : à couper le souffle ! Une merveille !
Pourtant malgré tout ceci, reste cette impression de ne pas avoir été complètement rassasié. La faute première à ce qui fait le charme de cette suite : la décontraction. En misant le tout sur le divertissement, Del Toro se fait certes plaisir mais perd un poil de sa substance ainsi que de son univers. Le film prend des allures de grand spectacle de studios et néglige les codes du comic et du glauque.
En passant la deuxième, le réalisateur oublie de corser son histoire (point fort du premier film) et nous sert sur un plateau une quête des plus simplistes sans vraies embûches. A ce titre, la dernière partie du film pourtant assez spectaculaire paraît fortement pressée de se conclure plutôt que d'offrir un vrai grand moment de bravoure où la compléxité se fait majeure.
Au final, cet opus 2 est bien plus appréciable que le premier film mais demeure moins travaillé et prenant. Reste à trouver à Del Toro la juste mesure pour que le divertissement décomplexé du second fusionne avec la trame scénaristique du premier et assurément, Hellboy III sera une vraie merveille. Il n'empêche que l'on en sort le sourire aux lèvres.
Joli !
Pourquoi y aller ?
Pour la présence ultra charismatique de Ron Perlman. Pour l'humour second degré et l'ambiance décontractée du film. pour la variété du bestiaire. Pour l'univers fantaisiste assuré.