Quelques films d'ici et d'ailleurs

Publié le 09 octobre 2008 par Mgallot

Je me suis laissée tenter par le dernier Jaoui/Bacri, Parlez-moi de la pluie. J'avais complètement oublié le précédent film que j'avais vu des deux compères, Comme une image (même pour le titre, il a fallu que je fasse une recherche sur Google, c'est tout dire!) Mais je ne voulais pas rester sur une mauvaise impression ni faire ma bêcheuse, alors j'ai été voir. C'était il y a à peine 2 semaines et j'ai quasiment déjà oublié le film. Avec cette impression qu'il ne répond à aucune nécessité. Ils ont fait un film parce qu'il fallait faire un nouveau film. L'expérience n'est pas désagréable, certes. Un aimable divertissement pour un samedi soir. Mais que ça sonne creux! Des personnages sans grande finesse (les paysans opposés à la PAC dans Parlez-moi de la pluie, un sommet!) des coïncidences toutes aussi improbables les unes que les autres (mais que font les scénaristes? je ne savais pas qu'il y avait grève aussi en France). Des problèmes de gens du show-biz ou de bobo. Des problèmes de couple. Encore! Les dialogues censés être géniaux? Plats. Rien à voir avec Un air de famille qui fait partie de mes films de référence. Il faudra vraiment user d'une force de conviction hors du commun pour me convaincre d'aller voir le prochain...

Ce vide créatif m'a paru assez déprimant, pour tout dire. Peut-être parce que c'est un mal bien français. Du cinéma et du roman français. On maîtrise une forme (un style!) mais on n'a rien à dire. En écrivant moi-même une fiction, j'ai parfois peur de tomber dans le même travers. J'ai peur de ne pas aimer non plus ce que j'écris. Pour produire de l'histoire il faut sacrifier du style et inversement - qui privilégier? - la quadrature du cercle. Les meilleurs auteurs arrivent à concilier les deux, mais que c'est difficile! Les bons films et les bons livre ont cette propriété d'être inspirants, les mauvais ont l'effet contraire, d'où un ressentiment parfois tenace contre la médiocrité.

Trève d'interrogation créativo-existentielle, j'ai aussi vu Gomorra, ce film italien hyperréaliste et violent sur la Camorra (d'un certain Matteo Garrone), grand prix du jury au festival de Cannes. Le style nu, inspiré du documentaire, m'a aussi laissée indifférente. J'ai regardé de dehors en attendant que ça se finisse. Dès que je suis sortie du ciné, je pensais déjà à autre chose. 2 heures et des brouettes pour rien.

Las! Désabusée, j'ai misé sur une valeur sûre... L'institut Lumière rediffusait Edward aux mains d'argent et ce joli conte m'a réconciliée avec le cinéma de Tim Burton (dont les tics hollywoodiens me sont devenus pénibles: un très talentueux scénariste mais un piètre réalisateur). Johnny Deep et la toute jeune Winona Ryder sont croquignolets - entre parenthèses: Edward ressemble à s'y méprendre à Robert Smith de The Cure, lors de l'album Desintegration en particulier, qui doit plus ou moins dater de la même année, dont l'esprit me paraît très proche du film - mélange de féérie lyrique et de tristesse. La peinture de la banlieue américaine et de ses habitants sucrés est jouissive. A un moment j'ai eu peur que l'histoire tourne au mièvre... mais non! Edward - comme la créature de Frankenstein - devient mauvais malgré lui, parce que les hommes l'y poussent et doit se réfugier dans son manoir seculae seculorum (il y est sans doute encore! que j'aime me l'imaginer là-haut!)

Enfin, vu sur petit écran, le film argentin Historias minimas de Carlos Sorin, film à mini budget réalisé au moment de la banqueroute argentine, au début des années 2000, par une équipe de 13 personnes et des comédiens presque tous amateurs, entièrement filmé en caméra portée. 3 personnages prennent la route pour San Julian, en Patagonie. Chacun a ses raisons, plus ou moins loufoques, une jeune mère timide a gagné le droit de participer à un jeu télévisé, un vrp un peu looser veut amener un gâteau d'anniversaire surprise pour le fils de la jeune veuve dont il est amoureux, un très vieux monsieur expert dans l'art de faire bouger ses immenses oreilles veut retrouver son chien, mala-cara (mauvaise-tête), parti depuis 3 ans.  Des petites gens dont les destins s'entrecroiseront, pour le meilleur et pour le pire. Le jeu des acteurs, même les plus secondaires est exceptionnel et les paysages de road-movie électriques. Un film mélancolique et léger, très sud-américain dans l'esprit. Bien sûr, il faut le voir en vo, pour le charme de l'accent argentin...