Grâce à un fossile, on voit désormais Besancenot tout nu.
Jean-Marc Rouillan, sorti de plus de 20 ans d’isolement carcéral, a voulu rejoindre son clan, celui des « révolutionnaires ». Mais lorsqu’il est sorti, le monde avait changé d’époque. Pas lui, comme s’il s’était endormi tout ce temps. « J’ai été catastrophé… Dans les années 50-60, le gros de la société était fortement politisé. Un militant socialiste pouvait sortir une analyse politique. Aujourd’hui, j’ai l’impression que le marxisme, toutes les théories qui nous permettaient d’appréhender les situations, ont été oubliées. Certes, les situations ont considérablement évolué, mais, en même temps, elles gardent leurs bases fondamentales: nous sommes dans une société de classes, nous sommes dans une société où le conflit impérialisme/anti-impérialisme est crucial. On se perd dans l’aide aux pauvres, à ceux qui souffrent… Non, les pauvres, ceux qui souffrent, les exploités et les opprimés sont des pro-lé-taires! »
Pour lui, la « politique » ce n’est pas le débat, c’est l’unique savoir issu de « l’analyse » marxiste d’il y a un siècle et demi. La démocratie ? L’épanouissement de l’homme ? Tout cela est aussi dans Marx, mais il ne l’a lu qu’avec les œillères de Lénine, avide de coups de force. Pour lui, le Bien est du côté des Prolétaires « internationaux » et le Mal du côté de la Bourgeoisie « impérialiste ». C’est donc la guerre civile, la loi de la jungle où les États n’ont plus le monopole de la violence légitime. Il n’y a rien d’étonnant à ce que la société actuelle cherche à isoler de tels irréductibles. Ce sont des asociaux, enfermés dans leur paranoïa. Les « prolétaires » n’ont pas voulu les entendre ? Ils ont tué. Les « prolétaires » ne les ont pas défendu, ni manifesté en leur faveur ? Ils iront plus loin encore s’il est possible. Ils sont sûrs et certains d’avoir raison. Comme les Inquisiteurs jadis, contre tous si nécessaire.
Ils se sont pris pour des Résistants face aux « nazis » - Giscard les a gracié en 1977. Ils se sont pris pour des républicains espagnols contre le franquisme – Mitterrand les a gracié en 1981. Ils se sont pris pour des terroristes arabes, tuant et blessant – 10 morts en tout, dont Georges Besse, PDG de Renault, alors nationalisée. Cette fois c’est la prison ; la société, bonne fille, n’a pas utilisé le « rasoir républicain », inventé pourtant par les Révolutionnaires de 1792. Elle a préféré la « perpétuité » limitée à 18 ans, la liberté conditionnelle. Il s’agit aujourd’hui de récidive. Car on « tue » aussi avec des mots.
« En tant que communiste, je reste convaincu que la lutte armée à un moment du processus révolutionnaire est nécessaire. » C’est clair, précis, cohérent. Rouillan est un fossile, et un fossile dangereux. Il n’a fait aucune « analyse critique de la situation » - comme on disait volontiers au temps du jargon-marx. Pour lui, rien n’a changé, si ce n’est que l’URSS et tout le bloc de l’Est a disparu comme les dinosaures et que Cuba ne survit que par branchements et dialyse.
D’où son attirance pour le Nouveau Parti Anticapitaliste de Besancenot, qui se réclame volontiers de Che Guevara tout en continuant de distribuer tranquillement lettres et paquets à Neuilly. « Mais quand Besancenot dit qu’il a toujours condamné les méthodes d’Action Directe, il exprime une opposition à cette violence… – demande le journaliste. - Oui… répond Jean-Marc Rouillan. Et en même temps, il se dit guévariste. C’est un petit peu paradoxal! Il pense que, quand on touche à ce terrain, il faut être social-démocrate… Non! Quand on se dit guévariste, on peut simplement répondre que la lutte armée est nécessaire à certains moments. » La vérité sort de la bouche des fossiles comme de celle des enfants : Besancenot est un hypocrite.
- Soit il n’avoue pas que son objectif est de prendre le pouvoir par la force s’il le faut,
- soit il le sait mais se garde bien d’en parler pour ne pas effrayer ses suiveurs…
Che Guevara ? Selon Rouillan, « on a tout résumé à des images d’Épinal assez ridicules. C’est angoissant quand on se balade dans les rues de Marseille de voir le nombre de portraits de Che Guevara. Un Che lessivé de toute conscience politique. Un Che transformé en icône marketing. » Voilà qui est dit : le facteur Besancenot n’est pas le cheval de la révolution, c’est un pro du marketing.
D’ailleurs, Nietzsche l’avait bien dit dans le ‘Gai Savoir’ : « Si l’on considère combien la force chez les jeunes gens est immobilisée dans son besoin d’explosion, on ne s’étonnera plus de voir combien ils manquent de finesse et de discernement pour se décider en faveur de telle ou telle cause : ce qui les attire, c’est le spectacle de l’ardeur qui entoure une cause et, en quelque sorte, le spectacle de la mèche allumée – et non la cause elle-même. C’est pourquoi les séducteurs les plus subtils s’entendent à leur faire espérer l’explosion plutôt qu’à les persuader pour des raisons : ce n’est pas avec des arguments qu’on gagne ces vrais barils de poudre ! » I.38Aujourd’hui, Besancenot est nu. Il a été bel et bien déshabillé par ce fossile qui avait 16 ans en 1968 et qui a tué pour cette “révolution” - celle que réclame le “Che pacifique”, cet oxymore…
L’interview à L’Express de Jean-Marc Rouillan
Chronologie du terrorisme d’Action Directe
Une manipulation iranienne ?