Death Race de Paul Anderson

Par Geouf

Résumé: En 2012, une dure crise financière a frappé les Etats-Unis. De nombreux travailleurs se retrouvent sans emploi et la délinquance augmente de façon exponentielle. Incapable de gérer l’explosion du nombre de détenus, l’état décide de confier la gestion des prisons à des entreprises privées. Pour rentabiliser leur investissement, celles-ci ne tardent pas à organiser et diffuser à la télé des combats de gladiateurs entre détenus. Une fois le filon épuisé, la Death Race est créée : une course de voitures mortelle, dans laquelle la récompense ultime est la liberté. Jensen Ames (Jason Statham), ancien pilote de course condamné à tort pour le meurtre de sa femme, est rapidement embarqué dans cette course démentielle.

 

Nouveau film du conspué Paul Anderson (ben oui, le bonhomme a quand même commis l’immonde Alien vs Predator et ruiné la franchise Resident Evil), Death Race ne fait pas dans la finesse. Remake du Death Race 2000 de Paul Bartel (sorti en 1975), le film d’Anderson ne reprend que peu d’éléments de son modèle. On retrouve donc bien la course où tous les coups sont permis, mais cette fois elle se déroule en lieu clos et non à travers les USA. Exit aussi le côté politiquement incorrect avec le système de points marqués en fonction des gens écrasés sur la route. De même, toute la satire des medias a disparu ou presque. Seuls rescapés de l’ancienne version, les personnages de Frankenstein (anciennement incarne par David Carradine) et de Machine Gun Joe (qui change de couleur au passage, passant de Sylvester Stallone à Tyrese Gibson) sont sensiblement différents aussi. Donc finalement, inutile de comparer les deux films, puisqu’ils sont totalement différents, même dans leur traitement : Bartel réalisait une sorte d’épisode du dessin animé Les fous du Volant en live, alors qu’Anderson nous pond une sorte de Mario Kart sanglant, stupide mais totalement jouissif.

Et c’est là tout le paradoxe de ce Death Race nouvelle version : on a beau savoir que c’est un film totalement crétin, au scénario prétexte, totalement misogyne (mis à part Joan Allen, les femmes sont toutes des pétasses filmées comme dans un clip de rap), à la vulgarité assumée, on marche à fond. Parce que pour une fois Anderson s’attaque à son sujet de façon humble, sans se la péter avec des effets tape à l’œil comme dans Resident Evil, et en se lâchant au niveau violence (contrairement à Alien vs Predator). Bref, il a pris son pied en tournant le film et ça se sent. Death Race est donc un spectacle régressif totalement assumé comme tel, un énorme plaisir coupable pour le spectateur.

L’influence du jeu vidéo est ainsi palpable du début à la fin du film, Anderson ne s’étant jamais caché d’être fan de ce type de divertissements. La customisation de la voiture, la course en trois niveaux, l’excellente idée des pastilles activant les armes, voire même le boss de fin avec l’énorme Dreadnaught, tout concourt à faire de Death Race un vrai jeu vidéo live. Pas besoin dès lors d’un scénario très développé, puisque tout tourne autour des trois étapes de la course. Des courses plutôt bien emballées d’ailleurs, et même si on est loin d’atteindre la virtuosité d’un Speed Racer et malgré un montage parfois un peu hasardeux, il faut avouer qu’Anderson sait tout de même manier une caméra. Par contre, le vrai bon point du film, c’est d’utiliser une galerie de « tronches » comme on en voit rarement au ciné de nos jours. Jason Statham est comme toujours assez monolithique mais assure grâce à son charisme inné et est parfaitement crédible en Frankenstein. A ses côtés, on a le plaisir de retrouver l’excellent Ian McShane, l’iconique Swearengen de Deadwood, ainsi que la très bonne Joan Allen (la trilogie Jason Bourne) en garce ambitieuse. De nombreux autres seconds rôles solides viennent compléter ce trio de tête : Tyrese Gibson et le flippant Robert LaSardo (Escobar Gallardo dans Nip/Tuck) notamment sont des adversaires convaincants et tenaces.

Bref, vous l’aurez compris, Death Race c’est con mais foutrement jouissif et sympathique, et mieux emballé qu’un Fast and Furious. Le film parfait pour une soirée pizzas-bières entre potes en somme.

Note : 6/10