Un supplément au Vogue de février 1949, où l’illustrateur Éric croque les trente créateurs qui font la Couture parisienne.
Je vous parle d’un temps où l’on vous donnait du Monsieur et du Madame à tour de bras, un temps où la mode au cinéma c’était Falbalas (1944) ou, quelques années plus tard, Le Couturier de ces dames (1956). Deux ans après la bombe New-Look de Christian Dior on imagine aisément l’effervescence qui doit régner dans le monde de la Couture lors de la parution de ce petit album.
Chaque créateur est à son bureau, en train d’y dessiner des silhouettes, en train de réaliser un moulage sur un mannequin miniature, ou tout simplement en train de poser pour Éric. À voir la mine de Madame Nina Ricci, on se dit qu’elle ne devait pas être très commode…
Monsieur Christian Dior semble regarder derrière lui ses années de disette, Monsieur Barbas, qui est le beau-frère de Jean Patou est un homme d’affaire et sa pose volontaire, les deux poings sur le bureau, en dit long sur ses ambitions, quant à Madame Schiaparelli elle est tout en assurance, chic et dédain.
On y retrouve bien évidement les monstres déjà sacrés(1) que sont Christian Dior, Jean Patou ou Pierre Balmain, mais surtout beaucoup de noms oubliés ou moins connus et sans lesquels Paris ne serait pas Paris…
Parmi ces noms citons :
- la maison Mad Carpentier, fondée par deux anciennes employées de Madeleine Vionnet et qui en perpétuera le style jusqu’à la fermeture en 1957;
- Jeanne Lafaurie où André Courrèges fit quelques croquis en 1947;
- Maggy Rouff, une très grande maison(2) de couture qui à œuvré de 1929 à 1979;
- les modistes Madame Claude Saint-Cyr, Lucienne Rabaté qui forma Gabrielle Chanel ou le talentueux Monsieur Albouy;
- Edward « Captain » Molyneux, anglais qui a fait ses classes chez Lucile Duff-Grodon(3), est célèbre pour avoir habillé le tout Hollywood de l’époque.
- Marcelle Chaumont sans qui les drapés de Madeleine Vionnet ne seraient pas ce qu’ils sont…
- Jean Dessès, etc.
Il y a vingt-cinq planches, soit autant de noms a découvrir ou à re-découvrir, l’occasion je vous assure, de se faire un intéressant petit cours sur l’histoire de la mode. N’hésitez pas à googler à fond les noms de ces créateurs, tout comme moi vous apprendrez bien des choses !
(1) On peut noter au passage la non-présence de Mademoiselle Chanel, qui en 1949 est toujours souillée par son trouble comportement pendant la guerre et qui ne ré-ouvrira sa maison qu’en 1954.
(2) Une recherche sur internet fait apparaître énormement d’ouvrages, photos et articles en vente sur eBay et ailleurs.
(3) J’ai revu Titanic, de James Cameron cet été et j’y ai découvert parmi les personnages, cette célèbre couturière au destin très chanceux