Alfred Brendel a donné un concert d'adieux à Pleyel le 6 octobre dernier (cf. article sur Quobuz).
Les visiteurs habitués du Poisson Rêveur savent à quel point je ne suis pas vraiment un inconditionnel d'Alfred Brendel. Je ne peux toutefois pas nier sa contribution à de nouvelles lectures du répertoire romantique comme son influence sur de nombreux jeunes pianistes. Il s'agit indéniablement d'une figure marquante du monde musical depuis près de quarante ans.
Il se trouve que ce n'est justement ni sur Schubert, ni sur Beethoven que je trouve le pianiste autrichien le plus convaincant mais plutôt sur Haydn. Il est un des rares interprètes, peut-être avec Richter, a s'être autant investi à analyser les ressorts de la musique pour clavier de celui qui aura le plus influencé Mozart.
Ses sonates de Haydn sont poignantes parce qu'inscrites sous le signe du temps suspendu, de l'interrogation, d'une forme de métaphysique captivante. Cela change complètement des approches distanciées et mondaines (ex : Horowitz) et qui semblent passer à côté de la texture, la densité incroyable de ces œuvres.
A titre d'illustration, cette version méditative et crépusculaire du célèbre Adagio cantabile de la sonate H. XVI - 49 mi bémol majeur. Je trouve que, dans ce cas précis, ce que je reproche d'habitude à Alfred Brendel, à savoir une lecture souvent trop analytique et cérébrale, révèle toute sa grandeur.
Merci cher maître pour cette lecture éclairée placée sous le signe d'un tension très prenante.