Je ne dors pas la nuit... Mais le jour non plus...

Je ne dors pas la nuit. Ou trop peu.
Pendant la journée, je me maintiens à la surface à coup de cafés, de jus d'orange et de bouffées délirantes qui m'incitent à écrire des articles totalement farfelus dont j'ai la décence, dieux merci, de ne publier qu'une infime partie.
Ma fatigue diurne se traduit par un sens de l'humour exécrable, l'incapacité à reconnaître mes amis dans la rue et une formidable facilité à perdre le contenu de mes poches dans les restaurants.
Le soir, la lucidité de l'éveil se frotte à moi comme un panda à son tronc d'arbre.
C'est mignon, un panda. C'est juste difficile à trimbaler avec soi partout où l'on va.
Le sommeil ne vient pas. Les rêveries ne l'attirent pas, ni les couettes, ni la lecture, ni les tisanes, ni les drogues (en même temps, les tisanes sont presque les drogues les plus dures que je prends les soirs de semaine, je ne risque pas de tomber accroc !).
Même en comptant les moutons, le sommeil ne vient pas. J'en suis à près de six millions huit cent trente-deux mille ovidés (c'est un chiffre approximatif, on ne commence pas à chipoter. Je suis précis si je veux, c'est mon blog !), je peux ouvrir une bergerie.
Alors je vais sur internet, qui a été créé par des insomniaques pour des insomniaques.
Je discute avec des gens comme moi, au téléphone, plurk, mails, msn.
Je réécoute Alice, Ray, Charles, John, ou le même morceau en boucle pendant 2h45.
Je relis tout Shakespeare. Dommage qu'il n'ai pas existé, je lui aurais volontiers payé une bière.
Jusqu'à ce que je tombe dans ce qui ressemble plus à une transe semi-consciente qu'à un sommeil réparateur.
Mes rêves son surréalistes, drôles, mystiques et érotiques. Souvent tout ça en même temps.
Et tu en fais souvent partie, lectrice adorée (oui, c'est bien de toi dont je parle, là-bas au-fond, qui fait semblant d'être étonnée !).
Puis je m'éveille à nouveau et songe à des broutilles sémantiques ou syntaxiques.
A la signification de l'expression "un de ces quatre matins". Pourquoi quatre ?
A la raison pour laquelle je suis persuadé qu'une faute de typographie est une insulte personnelle, alors que je danserai de joie en entendant une diérèse correctement prononcée.
A ce qui se cache derrière le statut "c'est compliqué", pour définir sa relation amoureuse, sur les facebook et autres myspace.
C'est compliqué !
Evidement que c'est compliqué !
Que l'on soit célibataire, en couple, fiancé, marié, ou deux ou trois de ces propositions en même temps, c'est souvent compliqué !
Quand celle que je voudrais bien voir rester repart dans son pays du froid, moi je trouve ça compliqué !
Quand celle qui n'aurait jamais dû croiser mon chemin revient en bouleversant tout sur son passage et repart aussitôt (C'est la méthode blitzkrieg, l'attaque éclair ! Heureusement qu'elle ne fait ça qu'une fois tous les dix ans…), moi je trouve ça compliqué !
Quand celle avec qui c'est chouette est dans une autre ville et que je ne vais la voir que de loin en loin (et qui devrait arrêter de raconter mes secrets intimes sur tous les réseaux sociaux de la terre ! Vilaine vilaine ! Je me vengerai, tu le sais ! Et le pire, c'est que tu vas adorer ça ! ;-) ) , moi je trouve ça compliqué !
Quand celles qui me plaisent vraiment vraiment beaucoup sont soit vraiment vraiment en couple, soit vraiment vraiment pas dans ma ville, soit vraiment vraiment pas du tout conscientes que je me morfond en les regardant, moi je trouve ça compliqué !
Même si au final, c'est toujours une occasion de prendre un peu de recul et de rire un bon coup.
Au moins, de rire de soi.
Il paraît que je ris de plus en plus, dans mon semblant de sommeil. Je n'arrive pas à m'en souvenir...
Allez, il est l'heure de se lever.
Je vais nourrir mon panda...