A las cinco de la manana…
Discriminative (genealogic) action
Il n’est pas bon d’être Républicain en ces temps troublés. En effet, tout candidat à la magistrature suprême des Etats-Unis essaye subtilement de relier sa petite équation personnelle à la grande saga héroïque de l’Amérique. Il s’agit d’invoquer les mânes de ses glorieux prédécesseurs, bonnes fées appelées (parfois à l’insu de leur plein gré), à bénir le berceau du président-to-be. Sans doute faut-il voir là une réminiscence des traditions chamaniques indiennes où les esprits de la Nature pouvaient insuffler aux guerriers des tribus une force surhumaine pour la bataille.
Pour ce petit exercice imposé, John Mc Cain avait bien compris combien le nom de Bush résonnait de manière désagréable aux oreilles de bon nombre d’électeurs. Comme il avait en son temps pourfendu Georges Bush lors des primaires républicaines de 2000, il n’eut guère de mal à sauter cette génération de Républicains-là et en appeler directement à Ronald Reagan, figure tutélaire et rassurante. Tout le prédisposait à se comparer à lui et à s’identifier au vieux cow-boy victorieux, c’est à dire qui avait quand même réussi à descendre l’URSS alors que la Guerre Froide jouait à plein.
Précisions qu’au-delà de Reagan, les Républicains n’aiment guère remonter plus haut dans leur généalogie : l’arrière grand père politique, c’est Nixon et son réalisme cynique. Ike Eisenhower fit un bon président mais un peu daté; Et puis il est dangereux de trop remonter le passé car sinon on tombe sur les trois incapables présidents des années 30 (Hoover, Harding, Coolidge). Coté Démocrate, c’est plus simple car, hormis les neuneus du type Carter, les rares présidents démocrates (Kennedy, Clinton, Roosevelt) ont plutôt laissé d’excellents souvenirs.
Bye, bye Reagan
Eviter de citer Bush pour ne pas être contaminé par son désastreux bilan international, tel était l’axe tactique.
Hélas, voilà que par un incroyable retournement de situation, l’étoile Reaganienne faiblit à son tour avec la crise financière qui est en train de saper l’économie américaine. En effet, Reagan a inauguré cet étonnant mélange de dérégulation libérale et de laissez-aller budgétaire qui est devenue la marque des républicains depuis lors, et qui a conduit au désastre que l’on sait. Mc Cain a beau pitoyablement tenter de pointer la responsabilité des démocrates et de Barack Obama, nul n’est dupe.
Il est vrai qu’on comprend l’affolement. Pour Mac Cain, toutes ses références « culturelles » qui ont assuré la supériorité de la Droite américaine depuis trente ans sont en train de s’effondrer. En Economie, l’absence d’encadrement d’un capitalisme mondialisé a à ce point dérégulé la planète, que l’idéologie du marché pur et parfait en est discréditée. En politique étrangère, le néo-conservatisme a englué l’Amérique dans deux conflits qui s’enveniment. Reste la troisième patte, à savoir le fondamentalisme chrétien, mais Sarah Palin est en train, bien malgré elle, de le ridiculiser avec son Jurassik Jésus et autres palin(odies).
Deus ex Obama
Barack Obama, contrairement à ce que j’avais anticipé, a désormais, dans ces conditions, une chance sérieuse d’être élu, car le champ intellectuel des Républicains est désormais en ruine.
Ajoutez à cela que les personnalités des 2 candidats renforcent encore les avantages naturels qu’ont normalement les Républicains en politique étrangère et les Démocrates en économie : Obama est calme, et c’est du sang-froid dont a désespérément besoin l’Amérique aujourd’hui. En revanche, le volontarisme de Mac Cain et ses coups de chaud lui donnent une crédibilité certaine pour le concours du meilleur chef de guerre charismatique. Cependant, elle le dessert pour le traitement de la crise financière.
Ainsi se clot peut-être sous nos yeux un épisode de la courte histoire de l’Occident : celle du capitalisme impérial. Ironiquement, ce sont des hommes et femmes venus de la Droite – Bush, Merkel, Sarkozy – qui vont devoir signer l’acte de décès. Et Mac Cain, qui se débat dans un bateau qui prend l’eau, risque de devoir acquitter les droits de mutation. A moins que… si Al Quaida, la Russie ou Joe Biden voulaient bien faire un geste ?
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