Magazine Cinéma
SERAPHINE
Un film de Martin Provost
Avec Yolande Moreau, Ulrich Tukur, Anne Bennent, Geneviève Mnich, Nico Rogner, Adélaïde Leroux..
Synopsis
En 1913, à Senlis, non loin de Paris, un collectionneur d'art allemand, Wilhelm Uhde (Ulrich Tukur)emménage dans un appartement pour y passer ses moments de calme, hors de l'agitation de la capitale. Toujours à la recherche de nouveaux talents, Picasso et le douanier Rousseau ont ses préférences. Il rencontre très vite Séraphine (Yolande Moreau), la femme de ménage quadragénaire au comportement parfois inattendu. Secrètement elle peint toutes les nuits dans sa chambrée avec des matériaux qu'elle recueille elle-même dans la nature. Un jour, chez un couple de notables, le collectionneur tombe sur l'une de ses toiles. Intrigué par l'aspect visionnaire de l'imagination de cette femme, il va la convaincre de poursuivre ses efforts. Mais la guerre éclate bientôt et Wilhelm doit quitter la France. Dix ans plus tard, dans son hameau de Chantilly, il visite une petite exposition locale dans la région et retrouve l'un des tableaux de sa protégée.
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Séraphine, aux origines modestes, vite orpheline, recueillie par les sœurs et placée comme femme à tout faire dans les maisons bourgeoises de Senlis . Séraphine multipliant les corvées, , gratter, astiquer, lustrer, à quatre pattes, où au lavoir les mains et pieds dans l’eau avec les autres femmes.
Trimer du matin au soir, se faire enguirlander faisant aussi partie du lot.
Mais Séraphine s’en fout, elle plus que courageuse, s’évade dans la beauté de la nature qui l’entoure! Pas si rustres ses sens qui s’enivrent des couleurs, des parfums et de la force des arbres et plantes qui l’entourent !
Astucieuse, guidée par des voies impénétrables, reliquat d’une éducation religieuse et des années passées au service des sœurs, Séraphine entretient un dialogue avec la Vierge Marie. C’est d’elle ainsi qu’elle reçoit force et inspiration.
Séraphine concocte ainsi avec l’aide de la nature, des couleurs résultat de mixtures originales et jalousement gardées, elle confectionne ses cadres et toiles notamment quand vient la guerre et que tout manque, mais chez elle, recluse, elle continue, redouble d’effort ! Jamais elle ne doute du retour de son patron et futur mécène. Avec autant d’ardeur qu’elle mettait à ses ménages, elle s’investit corps et âme dans sa peinture.
Lorsqu’elle dévoile à ses débuts dans sa modeste chambre, à deux religieuses amies une œuvre déjà enfiévrée, la réflexion de la mère supérieure s’inquiétant « inspiration divine ou… »( "Car devant tant de problèmes et de malentendus, les dieux et les les diables en sont venus à douter d'eux-même…" Higelin "Champagne" ),oui les toiles qui surgiront, résultat de l’art de Séraphine sont fiévreuses, colorées, ramifiées, endiablées presque, les couleurs chatoient, résultat de ses mélanges secrets. Par la suite, quand les retrouvailles avec son mentor auront eu lieu la grandeur des toiles atteindra des dimensions énormes, et toujours elles seront foisonnantes, luxuriantes, autant d’énergie dans la peinture que Séraphine mettait dans ses coups de brosse sur les parquets des maisons bourgeoises.
Quand au film, Séraphine est Yolande Moreau, ou l’inverse, force de la nature, forte nature, personnage pas si soumis, elle prête sa force, sa conviction, son naturel, son amour, pour la nature.
Enfin quand elle a les mains dans la couleur, quand un pouce étale la courbe d’un fruit cela semble d’un naturel évident. Face à elle, Wilhelm Uhde incarné par Ulrich Tukur ( le chef de la Stasi dans " La Vie Des Autres " en découvreur de talent. La rencontre des deux personnages dans la première partie du film, avant l’arrivée de la guerre est certainement la période la plus intéressante, humainement parlant, la fin hélas tragique. .cruelle !
Voila l’ensemble de ce film constitue un enchantement des sens, ces toiles sont sidérantes, le film, la nature, les plans du vieux Senlis, le soin apporté à la photographie…Et puis Yolande Moreau , un moment en sa compagnie est toujours magique, quand en plus elle vous fait découvrir une œuvre comme celle de Madame Séraphine De Senlis …J’Applaudis !
Excessif.Com "..Le film est l'histoire d'une rencontre, celle d'un homme cultivé en avance sur son temps à l'affût des signes précurseurs d'un nouvel art de peindre et d'une femme laminée par le travail quotidien et la misère, qui pourtant chaque nuit, portée par une inspiration qu'elle certifie de mariale, consacre son temps à la mise à plat de ses visions naïves. Plantes et fleurs trouvent sous ses pinceaux une nouvelle existence, un nouvel agencement, une esthétique inédite...." et "..de deux points de vue. Celui du collectionneur qui voit dans ces toiles un langage, une originalité, une vision du monde et celui de la femme-peintre qui, loin des conflits et des querelles du monde artistique, trouve dans l'acte de peindre une libération, une exaltation, une sorte de satisfaction personnelle face à la dureté d'une vie difficile..."
CritiKat.Com "..Effacée, voire éteinte dans son travail de ménage et ses rapports avec les autres ; a contrario épanouie et très éprise d’elle-même lorsqu’elle peint (et la caméra de capter en gros plan son visage ouvert chaudement éclairé à la bougie). Ses contacts réguliers avec la nature, d’où elle tire les composants de ses toiles, s’apparentent à un rituel tout sauf « naïf », toujours pris au sérieux par le cinéaste, entre artisanat et mysticisme. Toute l’ambiguïté est là, dans cette personnalité irrégulière où on distingue de loin les signes d’un trouble profond (Séraphine Louis décédera en 1942 dans un hôpital psychiatrique), et chez qui l’acte de créer paraît relever autant du réflexe irréfléchi, illuminé, que d’une pratique savante..."
Le Monde.Fr "..Le film n'existerait pas sans Yolande Moreau, mais il ne faut pas sous-estimer la contribution de l'acteur allemand Ulrich Tukur...Wilhelm Uhde, esthète qui semble ici se tenir prudemment aux marges de la société et de la création, fait un réceptacle idéal pour la vitalité créatrice de Séraphine, qui irradie le film de bout en bout..."
Pour Aller plus loin : Dossier et PDF à Télécharger ICI (http://www.seraphine-lefilm.com/enseignants.html)
ET
SÉRAPHINE LOUIS DITE SÉRAPHINE DE SENLIS
Musée Maillol du 1er octobre 2008 au 5 janvier 2009 Dossier PDF (Recommandé !)