À son apogée, au XVIIIe siècle, on rapporte que le carnaval de Venise durait près de six mois. Pendant six mois, des dizaines de milliers de personnes allaient et venaient masquées dans la ville ! Sur Internet, il me paraît que l'homme de marketing se retrouve dans une situation analogue à propos de sa cible, à ceci près que celle-ci est masquée toute l'année. On comprend alors son inquiétude : où est-elle ? que fait-elle ? comment la toucher ?
Pour montrer comment l'on peut répondre à ces questions, je vais me servir d'un exemple : le nôtre. Se faire connaître est aussi crucial que difficile pour une start-up. C'est d'autant plus vrai si l'on entreprend en France et que l'on vise aussi bien les marchés francophones qu'anglo-saxons.
Nous n'avons pas le budget pour nous attacher les services d'une agence de relations publiques. La stratégie est donc de préparer le lancement, prévu le premier trimestre 2009, bien en amont. L'objectif est de susciter intérêt, crédit et curiosité auprès de deux cibles : les utilisateurs avertis du Web et, dans un second temps, les blogueurs influents dans le domaine des nouvelles technologies. Ce sont selon moi ces deux cibles qui sont le plus susceptibles d'agir comme caisse de résonance et comme early adopters.
Où sont donc ces utilisateurs avertis ? Que font-ils ? C'est ici que ma tentative de placer l'internaute au centre du Web devient utile. Cet utilisateur averti, nous allons le cerner par ses usages grâce au tableau suivant.
Il s'agit simplement de le compléter par les sites les plus importants en terme d'audience.
Pour ce qui regarde les blogueurs influents, c'est moins immédiat et il faut quatre étapes pour cela. La première est de les identifier. Ce n'est pas difficile : une simple recherche nous apprend rapidement qu'il y a de nombreux classements, comme celui de Wikio par exemple. Par la suite, il faut cerner les usages que ces blogueurs font d'Internet. Une recherche sur leur nom et, bien plus efficacement encore, leur pseudonyme, permet permet de le faire. Je vous rappelle que nous sommes à Venise en temps de Carnaval : si le nom est le visage, le pseudonyme est le masque, et c'est le masque qu'il faut suivre… (Comparez donc, par exemple, les résultats sur Robert Scoble et sur son pseudo scobleizer.) Nous sommes alors en mesure de compléter le tableau suivant.lntéressant ! C'est bien le cas de parler… d'un relevé d'empreintes digitales ! Reclassons ces données par site.
Ce sont là les hots spots de notre cible, les lieux où on peut la trouver ! (Le poids est ici le rapport entre le nombre de fois où un outil est utilisé et le total des blogueurs retenus.) Nous pouvons désormais dresser pour nos blogueurs influents l'inventaire de leurs usages selon le tableau vu en premier lieu.
Les masques tombent, et pour notre grand plaisir…
Nous savons qui est notre cible, ce qu'elle fait et où elle le fait, autant d'informations indispensables pour délivrer un message efficacement. Ce ne sont en effet là rien moins que les aboutissants d'un plan média.