Du talus qui monte oublieux
des pas de toute créature
on voit bouger au bas du ciel
les rideaux de la vie obscure
et les lampes couleur de miel,
beau comme une larme qui brille
est le ciel qui pend au-dessus
de ce monde tout frémissant
où des yeux derrière les grilles
sont comme des braises du couchant,
le galop des jours et des nuits
ouvre mon étroite fenêtre,
le temps qui passe est un ruisseau
et les âmes pleines de bruit
sont des moulins où je pénètre,
et le chagrin comme poussière
vole par les replis du jour
où l'image qui m'était due
lentement s'efface derrière
un lambeau de l'affreuse nue.
Henri Thomas