Si l'effondrement des bourses mondiales contribue à nous faire réviser notre géographie et à nous faire sentir que New-York (merci le dow-jones) et Tokyo (merci le nikkei) sont des villes proches, très proches, il est un autre phénomène moins anxiogène qui rapproche les nations de ce village global qu'est notre monde, je veux parler du ballon rond.
A l'heure où je vous parle, Raymond, l'entraîneur (oh combien romantique) de notre équipe nationale sent qu'il va peut-être pouvoir s'en aller planter des roses avec Estelle (tout dépend des jaunes, enfin de l'équipe de Roumanie, ce samedi).
Mais ce qui m'intéresse aujourd'hui, ce n'est pas l'avenir de Rayray, non, c'est l'universalisme du football.
Le foot inscrit dans nos mémoires l'idée de pays lointains (Uruguay, 1er vainqueurs d'une coupe du monde en 1930), de stades mythiques (la Bombonera argentine de Maradona) et ancre en nous de solides préjugés (les Italiens sont tous des bouchers).
Bref, le foot, c'est en soi un voyage.
Et c'est souvent d'insolites solidarités : on se retrouve à regarder France/Italie soutenus par des Cubains, à Nairobi on regarde les foules encourager Titi Henry car il joue pour Arsenal, et à l'étranger, quand on sait pas quoi dire, et bien on dit "Zidane", et ça marche.
Si on est un être humain velu et musclé, on va même se mettre à chercher un terrain pour jouer avec les gens du coin.
A Rio, ce sera sur la plage, on fera du foot-volley, à Paris du 4 contre 4, au Vanuatu on jouera aussi sur la plage mais sans terrain et avec un ballon fait avec des bouts de chiffon, et en Bolivie, au détour d'un chemin à 3000 mètres, on découvrira un splendide terrain occupé par des ânes.
Je me suis même retrouver avec des amis à payer un chauffeur de taxi à Sucre avec des étiquettes Panini... Vous connaissez quand même ?! Ces cartes avec des joueurs du monde entier, dont il faut compléter l'équipe. Il y a des fans de cette obscure passion partout dans le monde, y compris un groupe sur Facebook. Il y a même, me croirez-vous, un Musée Panini à Berne ???
On aurait également du mal à croire quelles sont les implications diplomatiques du ballon rond : passons les micmacs de la FIFA ou les implications footbalistiques de plusieurs dirigeants (notre ami le 1er ministre italien - encore eux) pour évoquer l'exclusion de l'Afrique du Sud de l'apartheid de la Coupe d'Afrique des Nations en 1957 car elle refuse d'envoyer une équipe multiraciale.
Plus récemment, les qualifications pour la coupe du monde en Amérique Latine (qui se font par continent) ont failli tourner court après que les instances dirigeantes de la FIFA aient décidé de ne pas autoriser de matchs officiels à plus de 2500 mètres d'altitude alors que 3 capitales se trouvent au-delà de cette limite.
Le président bolivien Evo Morales (La Paz est à 3600 mètres), flairant là l'influence du Brésil et de l'Argentine, a lui même mouillé le maillot pour montrer que c'était possible. Limite remontée...
En fin de compte le foot passionne, et souvent le foot rapproche : un ballon dégonflé, c'est souvent un super cadeau à emmener pour les gamins du coin, pour se faire des souvenirs inoubliables, pour entrer en contact avec les gens du coin.
Je suis d'ailleurs ravie que l'Afrique héberge pour la 1ère fois en 2010 la coupe du monde de football, c'est tout un continent qui va être à la fête !
Une ambiance à ne pas manquer pour les fans.
Bon, y a des pays, c'est plus cricket que foot, ce sport qui reste si hermétique à mes yeux de pauvre française. Mais à improviser sur la plage, y a pas à dire, c'est quand même moins funky !!!
ps : Allez, je fais leur pub, lisez So Foot, le seul magazine de foot intello, et drôle ! Et qui parle de foot accessoirement...