La Pentecôte des blancs, le retour

Par Olif

Il est des rites difficiles à expliquer. Immuables ! Comme quand le père François ascensionnait avec force, mais tranquillement, la roche de Solutré. Ou quand le petit Nicolas grimpe debout sur son tabouret pour se raser. Une longue marche ou un tout petit bond pour l'humanité! Le GJP* a donc retenu une nouvelle fois la Pentecôte pour faire un peu d’alpinisme bourguignon. Pas si illogique que cela car dans Pentecôte, il y a Côte. De la Pentecôte à la Côte des blancs, il n’y a qu’une petite pente, pas difficile à dévaler, pour qui a le gosier dans le bon sens.

Retour donc chez l’ami Rémi Jobard, à Meursault, pour un tour d’horizon des blancs de la (Pente)côte. Depuis quelques années, Rémi a développé une petite production en négoce, commercialisée sous la marque Jobard-Chabloz et que l’on pourrait sous-titrer « La fine fleur des vins de Bourgogne ». Les initiés me comprendront à demi-mot. Les autres n'auront qu'à demander.

Reçus dans le même salon et les mêmes conditions que les plus grands dégustateurs (sauf que, ensuite, nous sommes aussi invités à manger, un des privilèges d'être membre du GJP*), nous avons droit à l’intégrale de la production 2005, négoce et domaine. Ce qui n’est pas rien. Je dirais même plus. C'est déjà beaucoup.

Et on commence par le négoce. Tous les vins sont donc étiquetés Jobard-Chabloz :

-    Saint-Aubin 1er cru : nez ouvert, attaque riche et ample, belle acidité bien enrobée, mûre, finale possédant de la droiture.

-    Puligny-Montrachet Les Nosroyes : nez réservé, sur la minéralité. Bouche large, imposante, plutôt carrée. Un vin net et bien défini.

-    Meursault Les Meix-Chavaux : nez ouvert, bouche tendue, avec un peu de gras, finale acidulée, tendue. A attendre.

-    Meursault Les Narvaux : beau nez déjà épanoui, bouche bien constituée, riche, avec de la fraîcheur, de la tension et de la minéralité, finale salivante et fraîche. Belle harmonie et beau vin. Les Narvaux, terroir tardif, en altitude, a particulièrement bien réussi en 2005.

-    Meursault Limozin : vif et acidulé, matière riche et mûre, mais de la droiture.

-    Chassagne-Montrachet 1er cru Morgeot : nez sur la mirabelle avec un petit côté eau-de-vie. Matière très riche, avec du gras, mais aussi de l’amertume en finale.

-    Puligny-Montrachet 1er cru Les Champs Gains : minéral, tendu, droit, élégant.

-    Meursault 1er cru Les Charmes : nez légèrement fumé, bouche compacte, manquant à peine d’allonge, finale acidulée.

-    Corton-Charlemagne: opulent, gras, très long, imposant. Un style murisaltien pour Charlemagne ?

Fin du premier round et place aux vins du Domaine Rémi Jobard, une déclinaison des terroirs de Meursault, avec une incursion à Monthelie pour les rouges. Toujours dans un style minéral, avec un élevage bien dosé :

-    Bourgogne aligoté : fruité, rond, gourmand, avec une belle vivacité finale.

-    Bourgogne blanc : nez légèrement soufré, bouche riche, finale tannique, à peine asséchante. La mise est récente.

-    Meursault Sous la Velle: richesse et harmonie en bouche, avec du gras. Seule la finale est un peu stricte.

-    Meursault En Luraule : nez ouvert, puissant, bouche riche, grasse, opulente mais fraîche, car acidulée en finale.

-    Meursault Les Chevalières: matière mûre, riche, avec une belle acidité.

-    Meursault Le Poruzot-Dessus : bouche droite, minérale et tendue, encore serrée, prometteuse, malgré une finale un peu stricte et abrupte.

-    Meursault 1er cru Les Genevrières : nez sur la réserve, bouche ample et large, avec du gras, finale avenante.

-    Meursault 1er cru Les Charmes: nez beurré, riche. Du gras en attaque, de la longueur, finale acidulée. Un vin puissant, riche, équilibré et harmonieux.

-    Bourgogne Passetoutgrains : nez tout fruit, épicé. Bouche charnue et gourmande.

-    Bourgogne rouge : robe rubis soutenu, nez sur les petits fruits rouges, légèrement lacté. Grain serré, vin concentré, finale un peu tannique, sans excès.

-    Monthelie 1er cru Les Vignes rondes : robe rubis soutenu. Nez fruité, bien concentré. Joli grain de vin, encore un peu serré, avec une belle longueur.

-    Monthelie 1er cru Les Champs Fulliots : un climat contigu au Clos des Chênes de Volnay et ça  se sent dans le verre ! Un fruité charnu et gourmand sur une trame très fine et élégante, possédant beaucoup de race. Très beau vin, l’une des plus grandes réussites de Rémi pour ce cru, d’après lui. Ce n'est pas moi qui le contredirai!

-    Volnay Santenots : nez encore fermé, mais dégageant beaucoup de finesse. Du volume, une belle matière et beaucoup d’élégance.

Une fort belle dégustation, comme à l’accoutumée. Les blancs sont à leur niveau habituel, donc très haut, les rouges continuent leur progression de millésime en millésime. Bravo Rémi !

Olif

* GJP: Grand Jury Pontissalien, secte d’adorateurs de Bacchus, basée sur les hauts plateaux du Doubs et qui n'a de jury que le nom!