La droite gère la crise mondiale et les socialistes celle de la rue de Solférino
Publié le 08 octobre 2008 par Fredericaugis
Ceux qui se demandent jour et nuit ce que feraient les socialistes s'ils étaient au pouvoir en ces temps troublés feraient bien de se rendre aujourd'hui à l'Assemblée. Le PS a demandé ce débat sur la crise financière, il l'a. Donc, on a hâte de l'entendre.
Puisqu'ils ont refusé l'appel à «l'unité nationale» lancé par François Fillon, les socialistes vont devoir se justifier, et probablement forcer le trait. Il est heureux pour eux que chaque groupe n'ait droit qu'à un seul orateur, parce que s'ils étaient plusieurs à parler au nom du PS, ils ne diraient pas tous la même chose.
Pourquoi ? Parce qu'ils n'ont pas le même avis sur les remèdes à apporter à la crise et sur les leçons qu'il conviendrait d'en tirer. En toile de fond, c'est, encore et toujours, l'attitude à adopter face au libéralisme, à la mondialisation et à l'Europe qui leur pose problème. Et souligne tous les paradoxes qui les rongent depuis des années.
On n'a pas assez remarqué que lorsque Henri Guaino s'est fait clouer au pilori par l'UMP à propos des critères de Maastricht, il a trouvé Rue de Solferino pas mal de partisans. Toute la gauche du PS, emmenée par Benoît Hamon, a salué la «bonne idée» du conseiller de Nicolas Sarkozy. Mais François Hollande, Élisabeth Guigou et tous les europhiles du PS ont fustigé Guaino pour réclamer le respect des «règles de bonne conduite» imposées par Bruxelles.
Ceux-là, dans leurs déclarations sur la crise financière, manquent un peu d'imagination. Il faut, disent-ils, une réponse européenne. On cherche en vain une différence singulière avec les décisions prises depuis dix jours par Nicolas Sarkozy ou François Fillon.
Alors, les socialistes croient trouver un nouvel angle d'attaque en faisant le procès de la dérégulation, source, selon eux, de tous les maux d'aujourd'hui. Hélas pour eux, les circonstances ont voulu que ce soit le gouvernement de Lionel Jospin qui ait mis les actions de France Télécom sur le marché, ou qui ait voté l'ouverture à la concurrence du secteur postal. À l'époque, le patron de la gauche plurielle expliquait que «l'État ne peut pas tout».
Que reste-t-il au PS comme munitions ? L'annulation du «paquet fiscal» sous le prétexte qu'il ne «profiterait qu'aux riches» ? Opinion plus que discutable puisque 64 % des bénéficiaires ont un revenu annuel inférieur à 3 750 euros. Décidément, les socialistes doivent se creuser la tête. Reste l'ultime argument, assené par Bertrand Delanoë. Sarkozy est «brouillon» dans sa gestion de crise. Mais ça, c'est plutôt une question de goûts et de couleurs.