VIVIANE MORIN responsable du journal Cité Invisible
L’événement Cité Invisible met en rapport un lieu et un thème; plus précisément la Grande Bibliothèque et l’idée d’une Cité Invisible. Au sein de cette dualité coexistent la notion de lisibilité cachée versus celle de visibilité cachée, concepts inhérents au langage. Il va sans dire que celui-ci, composé d’une multitude de langues, elles-mêmes construites à partir d’un agencement de lettres aléatoires et infinies, permet d’innombrables représentations du monde. Ces représentations, qui nous sont transmises, façonnent une panoplie de cultures, de schèmes de compréhension, qui forgent différentes visions du monde. S’il est impossible de voir ce que nous ne connaissons pas, c’est-à-dire de voir ce qui existe en dehors des mots et de notre expérience de vie, la visibilité en tant que phénomène de compréhension, procède également du langage. Il faut donc penser à comment, dans l’art, le langage s’est donné lui-même un visage. Un an avant la tenue de l’événement Cité Invisible, Champ Libre a invité une quarantaine de professionnels, artistes et penseurs à participer au laboratoire Invisible Cité. Chacun a été invité à imaginer un aspect de l’événement à venir, en considérant le lieu et la thématique choisis. Inspiré de ces propositions, l’événement s’est alors matérialisé. Chaque oeuvre de la Cité Invisible est devenue un élément particulier contribuant à rendre visible l’événement, comme une lettre participe à construire une phrase. Le lisible a cédé au visible.