Retour sur l'avenue Montaigne.

Publié le 07 octobre 2008 par Paniervolant

(C'est une vieille photo que j'ai retrouvée de l'époque où je travaillais chez Guy Laroche a vec mon meilleur ami, colombien d'origine, mais romain d'adoption, devenu styliste et propriétaire de boutiques à Rome).

Le moins qu'on puisse dire, c'était une époque dorée !!
Je n'imaginais pas la chance qui se présentait à moi, je trouvais cela tout à fait normal - jeunesse insouciante -
De toute façon, loin derrière moi, l'idée de croupir toute la journée dans un bureau à taper à la machine à écrire, comme mon tout premier job !!
Mais là, c'était du gâteau.
J'habitais Place Clichy (comme Chouchou), et je mettais pratiquement 15 à 20 minutes pour me rendre Avenue Montaigne en bus, qui me déposait juste à quelques mètres de la maison de couture Guy Laroche. Assez souvent, on peut même dire quotidiennement, j'étais en retard.
Il m'était devenu impossible et impensable de prendre le métro, arborant pratiquement tout le temps, des tenues excentriques mais toujours chics, ou tout simplement avant-garde, puisqu'elles se retrouvaient la plupart du temps dans les collections ou tout au moins inspirées. Je ne supportais pas le regard insistant d'autres personnes qui n'étaient pas de ce milieu de la mode, et je devais probablement leur paraître venir d'une autre planète, car toujours en décalage vestimentaire.
Mes tenues, je les trouvais toute seule, d'autant plus inspirée, par le fait de travailler dans un tel milieu, mes neurones et mon inspiration étaient  complètement dopées, n'évoluant après tout que dans ce milieu et celui du spectacle.
J'arrivais donc à la boutique Guy Laroche, que je traversais avant de prendre l'ascenseur qui me conduisait au studio, mais au passage je m'aspergeait de parfum tous les matins, puisqu'il trônait en permanence sur un présentoir, j'aimais beaucoup ce parfum Fidji, il faisait partie de ma vie désormais.
Tout le monde m'appréciait dès mon arrivée, sauf évidemment, le directeur artistique......
Je me souviens de son air de dédain, à la vue de cette nouvelle recrue que j'étais, et il ne manquait pas une occasion de me faire des remarques sur mes créations de dessins de tissus, dans le genre: "ici on n'est pas chez Karl Largerfeld", ou encore "je n'ai pas demandé à faire du Yves Saint Laurent", pourtant je ne faisais que suivre mon inspiration.
En fait, il essayait de me tester, et finalement après avoir mis ma patience et mes nerfs à rude épreuve, il finit par m'adopter, et même me conseiller, à tel point que nous entretenions avec une certaine distance et respect mutuel, une relation de grande complicité entre le maître et l'élève.
Je me sentais tellement chez moi dans cette maison, que j'en étais devenue la mascotte, et que je ne m'attendais pas au déroulement de toutes ces aventures que j'allais connaître par la suite.............