Barack Obama et John McCain s’étaient visiblement donné le mot pour apparaître le plus rassurant possible. En ces temps difficiles, où les économies occidentales semblent plonger à toute vitesse vers la récession, ils n’ont sans doute pas jugé utile de rajouter à l’angoisse des électeurs en se lançant dans un affrontement verbal tendu. John McCain, surtout, a abandonné le ton très agressif qu’il avait adopté lors du premier débat à l’égard de son adversaire démocrate pour un ton plus posé et un débat de fond destiné à répondre aux questions du panel d’électeurs qui se trouvaient devant eux. Le débat était sérieux, jusqu’à l’ennui. Mais après le débat consternant entre les candidats à la vice-présidence Joe Biden et Sarah Palin, cela avait quelque chose de réconfortant. On n’avait vraiment pas besoin d’une nouvelle prestation de mauvais acteur de sitcom à la Sarah Palin. Le spectacle avait disparu (pas de gros clins d’œil) mais on avait l’impression d’être revenu à la réalité.
Pas de ‘cowboy attitude’ pour les deux candidats en politique étrangère, ce qui avait quelque chose de rafraichissant après des années à entendre des expressions gonflées à la testostérone comme, «Dans l’ouest il y a une vieille affiche qui dit : ‘Recherché : mort ou vif ‘ » (c’était à propos d’Oussama ben Laden et jusqu’à preuve du contraire, cela n’a pas été très efficace puisqu’il n’a pas été attrapé) ou encore, “qu’ils viennent se battre”, à l’attention des Irakiens qui attaquaient les soldats américains à l’été 2003 (cinq ans après, les troupes américaines sont toujours en Irak).
Obama et McCain n’ont pas roulé des mécaniques, ni montré qui savait parler le plus fort ou bombait le mieux le torse. Au contraire, McCain le républicain a donné des leçons de diplomatie au démocrate Obama : « Le sénateur Obama aime parler fort. Il a dit qu’il était prêt à attaquer le Pakistan. Extraordinaire. Si vous êtes un pays et que vous essayez d’obtenir le soutien d’un autre pays, alors vous voulez faire tout votre possible pour agir de façon coopérative. Quand vous annoncez que vous allez lancer une attaque dans un autre pays, il est plutôt évident que vous obtenez l’effet que cela a eu au Pakistan : cela tourne l’opinion publique contre nous … Nous avons besoin d’aider le gouvernement pakistanais dans le Waziristan, où je suis allé, une région très rude, à obtenir le soutien de la population et la faire travailler avec nous et se retourner contre les cruels talibans. Et en travaillant et en coordonnant nos efforts ensemble, pas en menaçant de les attaquer, mais en travaillant avec eux, et quand cela est nécessaire utiliser la force. Parler doucement mais avoir avec soi un gros bâton (big stick). » « Personne n’a appelé à envahir le Pakistan », s’est empressé de rétorquer Obama au jeu de, plus diplomate que moi tu meurs. « Le sénateur McCain est la personne qui a chanté, ‘Bombarde, bombarde l’Iran’, qui a appelé à la destruction de la Corée du Nord. Je ne pense que cela soit un exemple de parler doucement ».
Mais, ce n’est pas avec un tel débat aussi courtois que McCain va rattraper son retard dans les sondages face à Obama. Il peut toujours se consoler en se disant que le candidat démocrate à la présidentielle de 2004 John Kerry avait été dans l’ensemble meilleur que George W. Bush lors de leurs trois débats mais que cela n’avait pas empêché ce dernier de gagner l’élection.