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CROIX.- Ancien résistant et ancien garde des sceaux du général de Gaulle, Jean Foyer est mort vendredi 3 octobre à 87 ans à son domicile parisien, dans le XVe arrondissement. Membre
de l’Académie des sciences morales et politiques depuis 1984, il devait prendre la parole demain en habit d’académicien sous la Coupole, en présence de Nicolas Sarkozy, à l’occasion de la
commémoration des 50 ans de la Ve République.
En apprenant sa mort, le président de la République et plusieurs personnalités politiques de la majorité ont salué un « grand serviteur de l’État » qui, après avoir rédigé avec Michel Debré
la Constitution de 1958, occupa diverses fonctions ministérielles et électives.
Jean Foyer s’est familiarisé avec les cabinets ministériels dès la Libération, occupant de 1944 à 1946 des postes de conseiller technique. Pourfendeur de l’instabilité de la IVe République,
il a ensuite connu une traversée du désert sur le plan politique. Agrégé de droit, il s’est alors consacré à sa vocation de juriste comme avocat au barreau de Paris et professeur à la
faculté de Lille (nommé en 1955).
Il défendait « l’équilibre » de la Constitution
Auteur d’un ouvrage de référence sur la procédure civile, il a enseigné par la suite à Nanterre (à partir de
1968), puis à Paris II (à partir de 1972). Fervent catholique, il s’est beaucoup impliqué dans les débats sur le respect de la vie, mettant notamment en garde lors du vote de la loi sur
l’interruption volontaire de grossesse, en 1974, contre « une confusion entre dépénalisation et légitimation » de l’avortement.
C’est avec le retour du général de Gaulle au pouvoir que Jean Foyer a connu sa période politique la plus intense. Au gouvernement, il fut ministre de la coopération sous Michel Debré
(1961-1962) avant d’occuper durant cinq ans le poste de garde des sceaux, alors que Georges Pompidou était à Matignon. Il a enfin été ministre de la santé (1972-1973).
Maire durant quatre décennies de Contigné, son village natal en pays angevin, il devint député du Maine-et-Loire en 1959 et fut constamment réélu jusqu’à son retrait de la vie parlementaire
en 1988. Ses talents de juriste lui valurent de présider la Commission des lois de l’Assemblée nationale de 1968 à 1981. Retiré, il se consacrait davantage à ses petits-enfants, mais ne
manquait jamais une occasion de s’exprimer pour défendre « l’équilibre » de la Constitution de 1958.