Il m’en aura fallu du temps pour attraper le clavier et tenter de retranscrire l’univers de ce mystérieux collectif de Columbia émigré à Chicago. Un délai imputé à la double caractéristique de l’objet qui nous occupe, à la fois assez hermétique au premier abord, et pourtant terriblement attirant, pour de multiples raisons. Tout d’abord parce que l’on ne sait presque rien sur ce groupe, si ce n’est qu’ils s’autodéfinissent sur leur Myspace comme "Gothique / Acoustique / Musique pour bande" et qu’ils appartiendraient à un obscur rassemblement art punk fétichiste de l’Afrique 70’s. Si l’on ajoute à ça des pochettes généralement conçues en auto stéréogramme, des références incessantes aux nombres premiers et un public d’esthètes convaincus, ça sent soit la masturbation à plein nez soit le véritable chef d’œuvre contemporain.
Passé une première étape d’introduction, "THE rRABBITT" annonce la couleur, enfin pas vraiment. Je m’explique. Ce titre, placé en second sur la playlist, est de loin le meilleur, tout en se rapprochant le plus des "standards" du genre. Lancé par une paire de gankogui (cette double cloche africaine), il envoie ensuite un rythme de rave party sur des vocals constipées estampillées Hunter Husas. Le reste de l’album, indéfinissable, témoigne d’une réelle obsession pour le rythme, la répétition et la transe, en gros l’expérimental et l’anticonformisme. Pourtant à force d’écoutes on se dit que "The STUBBORN HORSE" sonne presque comme du New Order, tout comme les (non)structures rappellent les groupes sauvages urbains du moment (Liars, Animal Collective..) et le côté grosses basses, jazz, latino le "funk de l’homme blanc" des Talking Heads.
A noter également l’effarante similitude de pochette avec l’Arular de Mia sorti exactement le même jour de la même année. Ainsi que la ressemblance nominative avec le précédent Ep Machinegong. C’est finalement la force de ce premier Lp (qui a été suivi depuis par Kontpab), combiner les formes et les couleurs, entrechoquer le post punk avec l’afro beat dans une improvisation complexe et saccadée, d’une densité électrique rare. A découvrir avant que le monde ne s’en empare.
En bref : Primitif et instinctif, ce 10 titres de 46 minutes anti hype est à classer entre les rayons post indus et new wave afro, section Rubick’s cube sonore. _
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Le Myspace
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A noter que Mahjongg passe ce dimanche soir au St Ex de Bordeaux dans l’anonymat le plus complet (!?!), en espérant que ce post rameutera un peu de monde. _
"The STUBBORN HORSE" morceau le plus accessible dans un live show improbale :