ECHECS AMOUREUX ET AUTRES NIAISERIES
Un petit livre qu'on m'a mis entre les mains en me disant, "ça ça va te plaire si tu recherches un roman québécois dans le parler typique de là-bas. Il évoque Montréal, ses rues,
ses quartiers. Les histoires de cet auteur sont dans l'air du temps, c'est frais, léger, drôle, ça plaît beaucoup ici en tout cas (enfin, là-bas maintenant)".
Je regarde le titre, je me dis mouais mouais chai pas... j'aimerais ça lire un roman avec les expressions typiques québécoises (j'adore!)... mais le thème... beuh... puis un coup d'oeil sur la 4è
de couv' me convainc que c'est peut-être moins niaiseux que je ne le craignais.
4è de couv':
"Je suis aussi romantique qu’un bloc de béton au bord de l’autoroute. Et je rencontre seulement des filles qui trippent sur
Alexandre Jardin. Ça va mal…
Mais bon, il faut garder espoir. À force de vomir sur les souliers des belles filles que je croise, à force de cruiser les téléphonistes de Vidéotron, à force de peinturer au rouleau le dos de mes conquêtes, je vais bien finir par trouver la bonne…
C’est pas que je suis terriblement malchanceux. C’est pas que je suis particulièrement méchant. C’est pas que je suis atrocement laid, non plus. Je suis juste
niaiseux."
"C'est par Echecs amoureux et autres niaiseries que le public a découvert Matthieu Simard, tout de suite salué par la critique, qui a notamment vu en lui un "Bukowski québécois version
soft". On trouve dans ce roman à sketches le style décapant, l'humour acide et la tendresse candide de son personnage principal, Matthieu, qui, d'un chapitre à l'autre, oscille entre le sublime
et l'absurde, entre les filles torrides et les tristesses mal contenues, trimbalant sa misère célibataire. Des histoires d'alcool, d'hormones, d'amour, des pick-up lines qui tombent à plat, des
soirées devant la télé, mais qu'importe...
Parce que parfois, être poche, c'est être vrai."
Bingo! Pas déçue du tout! Et même, rencontre quasi coup de coeur avec un écrivain dont le style m'a TOTALEMENT séduite! Je regrette même là de ne pas avoir embarqué ses
autres romans tant que j'y étais...
C'était pas gagné pourtant avec ce livre qui se présente à première vue comme un recueil de nouvelles (et les nouvelles et moi habituellement, on ne fait pas bon ménage), mais en fait, c'est plus
à mi-chemin entre le roman et les nouvelles, un "roman à sketches", comme le définit lui-même l'auteur. Un même personnage que l'on suit de nouvelle en nouvelle à travers ses histoires
de coeur, sans qu'il y ait une intrigue avec un début, un milieu, une fin, mais tout est lié, comme une seule et même histoire.
En grand observateur du comportement humain, il nous régale de ses réflexions justes et pertinentes sur les relations humaines et les aventures d'un soir ou de plusieurs années,
dans un style simple mais non moins incisif et percutant. C'est finement drôle, son écriture est spontanée, imagée, et ses phrases courtes, sans fioritures, vont droit au but.
J'ai trouvé ça vraiment intéressant aussi d'avoir le regard de l'homme sur les liaisons amoureuses, d'avoir le pendant masculin des Bridget Jones et cie (rien à voir avec
Bridget Jones ici, cela dit...).
Par ailleurs, ses réflexions ne s'arrêtent pas aux échecs amoureux mais embrasent également le quotidien, la société, etc...
J'ai noté quelques passages que j'aimais bien
sur la télé
"C'est un monde comme le vôtre, mais pas tant que ça.
Un monde de gens ordinaires, comme vous, plein de frustrations et de nids-de-poule dans les rues. Un monde de larmes et de rires, et d'argent. Et d'argent.
Un monde de gars et de filles, de filles et de gars, et de tout ce qu'il y a entre les deux. Un monde d'images. Je vous jure, c'est un monde qui ressemble beaucoup au vôtre. Sauf que.
[...]
Le problème avec la télé, c'est qu'elle peut devenir votre amie. Et quand elle devient votre amie, forcément, vous lui faites confiance. Ce qui signifie que quand elle vous dit qu'une belle
fille, c'est une fille d'annonce de make-up, vous la croyez. Et plouf, vous voilà plongé dans le triste ravin de l'illusion d'optique. De l'illusion tout court. Et quand, dans ce
ravin-là, vous croisez quelqu'un de vrai, ce quelqu'un est ordinaire."
dans le métro
"La foule de plus en plus proche de moi, le monde qui se serre et se bat pour dix centimètres du précieux poteau, tenir le poteau comme s'ils tenaient le flambeau
olympique, gagner sa place sur le podium des meilleurs - où sont les médailles, dites-moi? Serrer le poteau comme si c'était de l'or, le bras de son fils, serrer le poteau comme si c'était le
Graal, la main de Dieu, la cheville de sa blonde qui s'en va pour un autre, plus musclé.
Ceux qui perdent, les losers, ils se tiennent après n'importe quoi d'autre. Le mur, le plafond, mon bras. Et de station en station, plus il en rentre, moins on a besoin de se tenir après
quoi que ce soit. On tient tout seul, élevé par le nombre, tous pour un, un pour tous, un gros poteau humain."
du virtuel à la réalité ("Mimi_78", excellent, une de mes nouvelles préférées)
"Une relation comme les autres, qui commence par des questions niaiseuses, une relation comme on en voit des tas, avec des fautes de frappe et des questions pas de
réponses."
[...]
"On s'est donné des x sur les joues, et on a parlé, sans faire de fautes, en prenant le temps de mettre les accents aux bonnes places, des cédilles sous les c, en accordant nos verbes, et j'étais
bien."
Bref, un auteur dont je vais essayer de me procurer les autres ouvrages.!
En attendant, son site donne également un bon aperçu de son style à travers des extraits de ses romans et des textes inédits. A découvrir!!
http://www.matthieusimard.com/