Rachida Dati… rarement une ministre aura autant fait parler d’elle pour des raisons aussi diverses. Peut-être symbole d’une nouvelle ère politique, depuis un an on parle à son sujet beaucoup plus de la forme que du fond. Sont ainsi abordés en priorité son parcours et ses caractéristiques sociales qui en firent le symbole d’un gouvernement que d’aucuns sont allés jusqu’à qualifier de ‘casting de plateaux télés’. Femme, ‘issue des minorités visibles’ pour sacrifier à la périphrase désormais habituelle, proche de Cécilia (‘imposée’ par l’ex première Dame a-t’on même pu lire…), Rachida porte en elle toutes les raisons de l’haïr ou de l’adorer.
Symbole également d’une nouvelle façon de traiter la politique qui voit la presse réputée sérieuse parler du Garde des Sceaux à travers son rapport au botox, la marque de ses tenues, ses maternités délicates et de passer à la roulette du casino les conjectures concernant l’identité de son partenaire.
Une fois passées les pages psychologisantes sur Rachida, on peut parfois trouver un bilan de l’action du Garde des Sceaux et du jugement des Français concernant son action.
La forte popularité du début
Rachida Dati fait tout d’abord beaucoup parler d’elle, sur la forme pour les raisons évoquées, et sur le fond les reproches furent légions. Lui furent ainsi reprochés tour à tour son inexpérience, son incompétence et son caractère. Signe de ce dernier élément, pas moins de 14 de ses collaborateurs claquèrent la porte en un an et demi. Pourtant elle bénéficie d’une bonne image auprès de l’opinion publique qui lui prête une vaste popularité. En juillet 2007, 59% des Français souhaitaient la « voir jouer un rôle au cours des mois et années à venir » (étude Sofres sur la cote de popularité des hommes politiques). De même, alors que la polémique enfle autour du refus du vice-procureur de Nancy d’appliquer la toute nouvelle loi relative aux peines plancher et que le Conseil Supérieur de la Magistrature semblait la défier, une large majorité de l’opinion lui apporte son soutien.
Le passage à vide, mais une prime aux « ministres de la diversité »
Les premières difficultés intervinrent fin 2007. A cette époque, Nicolas Sarkozy commence sa chute dans les sondages. Rachida Dati, alors en plein chantier réformateur, affiche des baisses d’opinion favorables records : - 12 points en novembre dans le sondage Ipsos publié le 13 novembre où ne lui restent « plus que » 46% d’opinion favorable.
Pourtant, avec Fadela Amara (5ème avec 46% d’opinion favorable) et Rama Yadé (8ème avec 37%), elle reste dans le peloton de tête du gouvernement (7ème avec 42%).
Une action finalement saluée
Quelques mois plus tard, les difficultés persistent. Ennuis judiciaires de son frère, débat houleux à l’Assemblée suite à l’annulation d’un mariage pour cause de dol, la Garde des Sceaux voit même un ancien Premier ministre refuser qu’elle présente devant l’Assemblée le projet résultant des travaux de la Commission qu’il présidait.
Tout ceci ne l’empêcha finalement pas de réaliser une année pleine avec la grande réforme de la carte judiciaire et son élection, sans grand enthousiasme certes mais élection quand même, dans le 7ème arrondissement de Paris. En septembre 2008, elle fait même partie des Ministres dont l’action est jugée le plus favorablement en arrivant à la 6ème place, regroupant 48% de satisfaits. Elle a pourtant perdu 18 points par rapport à juillet 2007 (Baromètre OpinionWay de l’action gouvernementale, vague 14).
A quelques semaines d’un retrait probable du gouvernement pour cause de maternité, Rachida Dati n’a pas fini de faire parler d’elle. Nous pouvons d’ores et déjà nous attendre à une vague de peoplelisation autour de son accouchement… avant une année 2009 qui pourrait la voir prendre de nouvelles fonctions gouvernement et pourrait lui offrir la possibilité de démontrer à nouveau ses capacités à tenir le rythme des réformes.