Ça arrive même aux plus grands : John McClane n'a pas résisté et vient de livrer son combat de trop. Ce Die Hard 4 aurait mieux fait de rester un simple fantasme appartenant à l'inconscient collectif. Mais non : ls sirènes du box-office ont été trop fortes, et il a fallu que McClane remette ça, dix ans après une excellente Journée en enfer. Avant même d'avoir vu le Transformers de Michael Bay, il est permis d'affirmer que le réalisateur d'Armageddon va perdre son titre si chèrement gagné de blockbuster le plus indigeste de l'été. Len Wiseman lui ravit le trophée avec une aisance assez remarquable. Bruyant, bourrin (dans le mauvais sens du terme), mal fagoté, Die Hard 4 est bel est bien un séjour en enfer, mais pas pour les bonnes raisons.
Difficile de reconnaître en McClane le héros de Piège de cristal, tant il semble être devenu ennuyeux en vieillissant. Il n'a certes rien perdu de son tempérament de chien fou, mais le reste de sa personnalité (réparties fumantes, gueule de bois permanente...) s'est envolé en fumée. Le film ressemble davantage à un cyberthriller, avec son esthétique en toc (atmosphère bleutée et gros grain) et ses nerds en furie qui se livrent bataille à coups d'algorithmes. Au bout du compte, c'est l'ennui qui l'emporte : ce film-là n'est pas celui que l'on était venu voir. Il y a bien quelques scènes d'action assez gonflées (notamment celle de l'ascenseur), mais c'est là qu'intervient le hic suprême : le découpage. S'il y avait bien un storyboarder sur le projet Die Hard 4 (je n'ai pas osé vérifier), qu'il soit lapidé sur le champ. Chaque scène potentiellement intéressante, comédie ou action, est ruinée par un découpage calamiteux, qui enchaîne les plans et les orientations avec une incohérence totale, rendant le résultat parfaitement illisible et tout sauf efficace. Que Len Wiseman retourne à ses Underworld, il n'est visiblement pas fait pour des productions de cette envergure.
Même le casting sent le pâté : Willis est à la peine, Justin Long est un piètre remplaçant de Sam Jackson, Mary Elizabeth Winstead est à baffer, et Timothy Olyphant est un méchant tout sauf effrayant, comme un Gary Sinise sans charisme. On regrette Alan Rickman et Jeremy Irons. Seules les apparitions de Kevin Smith en roi des geeks et de Maggie Q en reine bastonneuse (Maggie, tu me mets une rouste quand tu veux) redonnent un peu de saveur à ce cocktail bien trop long et trop fade, qui tente de compenser chacune de ses faiblesses par une tonne de nitroglycérine. Force est de constater que ça ne marche pas.
4/10