C’est lors d’un concert où je ne m’attendais pas à grand-chose que je suis restée bêtement bouche bée (le BBB du live qui commence bien). Visite au hasard d’un chapiteau bouillant, et vazy que je m’avance au premier rang pour mieux voir ça. Heureusement.
Tout droit sortis d’une réplique de Peter Sellers, les 4 gaillards de Birdy Nam Nam commencent en force avec le magnifique Abbesses. Samples d’accordéons, un dj, puis deux. Une nouvelle mélodie, plus intense, un troisième dj. Des violons, un quatrième. La température monte, la foule s’agite, le tempo augmente, les Birdy Nam Nam sont absorbés, et nous aussi. Chacun sa platine, chacun sa créativité. Mais 4 djs, c’est pas trop ? Non, bien sûr. Ici on ne fait pas dans le gros son bien lourd, mais dans la subtilité sonore, nuance. Huit bras qui s’agitent et quatre têtes qui bougent en cadence, laissant libre court à leur dextérité. Certains vont adorer le concept, d’autres vont s’ennuyer ferme, à vous de voir.
Sans le savoir, je me trouve en présence du génialissime Dj Pone (Svinkels) et de ses 3 copains Crazy B, Dj Need et Little Mike. Une bande de français plutôt prometteurs. Sur la musique, les gens ne dansent pas, ils vibrent, ils savourent. Et pour cause, nous sommes en face d’une véritable démonstration de turntablism. Pour ceux qui ne le savent pas, cette pratique consiste à retirer certains sons des vinyles et de jouer avec sur une platine, pour créer des mélodies. On regarde donc avec admiration les Birdies passer d’un son à l’autre, rebondir sur le sample du voisin, gérer chaque scratch à la perfection et remplir la salle de sonorités plus insolites les unes que les autres. Ambiances lugubres, jazzy et planantes. Il y a un cauchemar dans mon placard coule sur les festivaliers. Body Mind Spirit et sa basse enivrante. Too Much Skunk Tonight, lourde et insistante, définit bien l’attitude générale. Les influences sont nombreuses. On gobe avec plaisir ce qu’ils veulent bien nous donner, passant avec aisance de la soul, au hip hop, jazz, trip hop, rock, etc. Ils mélangent les styles tranquillement, en restant sur un fond electro progressif totalement frémissant. Certains kiffent simplement la musique, d’autres sont emplis d’émotions. Sauf ceux aux alentours qui se demandent où c’est Justice. Violons débute avec deux samples, le tempo augmente, toujours de plus en plus vite. Un beat sec arrive, tout le monde tape des pieds, et quand les premiers sons de guitare se font entendrent, c’est l’explosion. Le rythme reprend son souffle et enchaîne sur d’autres mélodies.
Birdy Nam Nam se situe entre Massive Attack, Wax Tailor et Puppetmastaz pour le coté spectacle, sans bien pouvoir définir son style. Ils peuvent paraître un peu répétitifs par moment, mais si on se laisse tenter suffisamment, les montées et autres bombes sonores seront de la partie. En tout cas, ils sont capables d’offrir un show unique où le plaisir est aussi musical que visuel, et de faire passer ce qu’ils veulent à travers leur simple musique, ça se déguste fiévreusement. Les Birdies s'apprécient bien plus en concert qu'en CD, vous voila prévenus. Et en plus ils seront à Dour cette année.
Abbesses
Violons
Too Much Skunk Tonight