Est-on forcément victime, dans tous les cas de sa lignée ?
Le jour de notre naissance est-il ” Le Premier Jour “, le jour où tout commence où est-ce le jour où tout continue, s’ajoutant à une chaîne sans fin ?
Le petit enfant naissant serait-il une coquille vide, qui va se remplir au fil des jours ? A priori, on peut penser que le nouveau-né est déjà formaté par une lignée, qu’il va accepter ou non. Car la projection faite par les parents est comme un logiciel que l’enfant téléchargera ou non. Ce fait provoque comme un malentendu dès le départ entre l’enfant et les géniteurs, les uns croyant transmettre, l’autre observant, subissant plutôt cet état de choses. La dépendance matérielle du petit homme entretient ce malentendu jusqu’à ce qu’il arrive aux premiers stades d’appréhension de la vie, de son espace. Jusqu’à ce que vienne en lui, la perception que ce qu’il reçoit est extérieur et qu’il doit intégrer des notions inconnues pour lui et ” essentielles ” pour les parents. C’est ce que je pourrais appeler ” le malentendu générationnel “.
La lignée, au cours des mois et des années s’impose à lui en terme de ” confrontation “, il prend peu à peu conscience qu’il est malgré lui un maillon qui s’ajoute à une chaîne d’où la naissance d’une sorte de conflit entre sa propre perception environnementale et l’acceptation.
L’acceptation de la lignée est pour lui à la fois un renoncement et un devoir. Renoncement, parce qu’il n’est pas encore apte à exprimer sa perception et et sa propre conception de l’exercice de la vie et devoir parce que les parents, la famille, le noyau, dans lesquels il baigne depuis son entrée dans le monde l’ont déjà modelé.
Le fait d’être aimé est pour lui une évidence, un droit qui n’impose pas de retour, ” il n’a rien demandé ! “. L’Exemple “,” le Chemin” ne s’imposent pas à lui, comme une ” obligation ” mais comme une composante extérieure qui s’ajoute à son propre destin. Car, il n’y a pas de mode d’emploi existentiel, le nouveau petit homme est une entité ” révolutionnaire ” qui bâtira sa propre maison. La transmission faite par les parents n’est-elle en fait qu’une transmission d’anciens enfants.
Il n’existe pas de notice de montage. Le lien entre les enfants et les parents est un lien indéfectible, mais dont l’expression, la matérialisation est difficile car, s’impose l’affirmation du dernier de la lignée conscient ou non de” Créer ” son espace qui sera forcément nouveau et une découverte pour les parents.
Attendre quelque chose de son enfant est une erreur, il faut l’accompagner dans cette aventure, l’épauler devant l’angoisse du choix, tout s’offre à lui et cette perspective est source d’angoisse, pouvant provoquer le renoncement devant l’obstacle, surtout à l’époque cruciale de l’adolescence.
Le passé familial ne doit pas être ” la notice de montage ” de ce nouvel être.
Mopassant