Découvrir les Gaulois

Par Amaury Piedfer
Un nouveau Dossier pour la Science (n° 61, octobre 2008) met à disposition du grand public une synthèse très bien conçue sur la civilisation gauloise entre les Vème et Ier siècles av. J.-C. Les meilleurs spécialistes français, historiens, archéologues et linguistes, ont apporté leur contribution à ce dossier qui intéressera aussi bien ceux qui veulent découvrir les bases de la question que les amateurs éclairés cherchant à se tenir au courant des dernières avancées de la recherche. Une somme qui s'attache avant tout à lutter contre les clichés durables qui nuisent à l'intelligence de cette matrice de la civilisation européenne.
SOMMAIRE
Avant propos : Les Gaulois, nos ancêtres réhabilités

Des ancêtres pas si barbares
Faut-il dire Celtes ou Gaulois ?
Jean-Louis Brunaux - est directeur de recherche au CNRS et membre du Laboratoire d’archéologie d’Orient et d’Occident de l’École normale supérieure de Paris.
Depuis l’Antiquité, l’usage indifférencié des deux mots entretient une certaine confusion. Recouvrent-ils les mêmes réalités ? Désignent-ils des peuples homogènes du point de vue culturel et ethnique ? Un examen des usages présents et passés permet d’y voir plus clair et de proposer des définitions plus rigoureuses.

Les Gaulois par-delà les idées reçues
Christian Goudineau - est archéologue. Professeur au Collège de France, il y est titulaire de la chaire des Antiquités nationales.
Selon les livres d’histoire, « nos ancêtres les Gaulois » auraient été contraints de s’intégrer à l’Empire romain. Perdant leur liberté, ils auraient gagné la paix, le progrès et la civilisation. Et si tout cela était faux ?

Sous l’œil des archéologues
Olivier Buchsenschutz - est directeur de recherche au CNRS, et membre du Laboratoire d’archéologie d’Orient et d’Occident de l’École normale supérieure, à Paris.
Paysans-soldats, les Celtes furent les créateurs de la campagne européenne avant de développer, au IIe siècle avant notre ère, un large mouvement d’urbanisation.

L’héritage gauloisChristian Goudineau - est archéologue. Professeur au Collège de France, il y est titulaire de la chaire des Antiquités nationales.
L’empreinte gauloise dans la France du XXIe siècle est discrète, mais omniprésente. On la décèle essentiellement dans l’existence d’un réseau routier et dans les noms des régions, villes, villages et lieux-dits
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Une civilisation riche et ouverte
«Idées fixes» sur la société
Sur la manière de vivre en Gaule, nous avons tous en tête les images d’Astérix, la célèbre bande dessinée créée par René Goscinny et Albert Uderzo. Elle introduit de multiples thèmes : organisation du village, alimentation, habillement, etc. Voici comment les découvertes archéologiques permettent de préciser cette vision.

Les textiles des princes celtesChristophe Moulherat - est archéologue, spécialiste des textiles anciens, au Centre de recherche et de restauration des musées de France.
Les textiles découverts dans les sépultures aristocratiques de l’Europe celtique révèlent le haut degré technique atteint par les Celtes au cours du premier âge du fer.

Loin du réalisme grec, un art véritableLaurent Olivier - est conservateur du Département des âges du fer au musée d’Archéologie nationale, à Saint-Germain-en-Laye.
Un casque peut-il être considéré comme une œuvre d’art ? Oui, s’il est chargé d’une signification symbolique exprimée par un jeu d’images savamment construites. De nombreux objets gaulois le sont.

L’art du vin chez les GauloisMichael Dietler - est professeur d’anthropologie à l’Université de Chicago.
Comme partout dans le monde, les libations des Gaulois renforçaient les liens sociaux. Dans le Nord-Est de la Gaule, la possession des riches objets liés à sa consommation affermissait le prestige des élites.

Une démocratie à la gauloiseJean-Louis Brunaux - est directeur de recherche au CNRS et membre du Laboratoire d’archéologie d’Orient et d’Occident de l’École normale supérieure de Paris.
La Gaule était habitée par un grand nombre de peuples. Comment étaient-ils dirigés ? Jean-Louis Brunaux évoque des sociétés quasi démocratiques, organisées par des assemblées de citoyens. Propos recueillis par Guillaume Jacquemont.

Bibracte, capitale des ÉduensFabrice Bessière - est coordonnateur du programme de recherche et adjoint au directeur général du Centre de recherche archéologique européen de Bibracte, à Glux-en-Glenne.
Comment vivait-on au sein des oppida, places fortifiées gauloises ? Les fouilles de Bibracte, l’une des principales agglomérations gauloises, dans le Morvan, révèlent un urbanisme précoce.

À la recherche d’une langue perdueP.-Y. Lambert - est directeur de recherche au CNRS et directeur d’études à l’École pratique des hautes études (Section des sciences historiques et philologiques).
Contrairement à un préjugé tenace, les Gaulois pratiquaient l’écriture, qu’ils avaient empruntée à des peuples voisins. Ils nous ont laissé des inscriptions qui nous renseignent sur leur langue.
Du troc à l’économie monétairePierre-Marie Guihard - est doctorant à l’Université Paris IV-Sorbonne et membre associé au Centre Michel de Boüard (cnrs/ Université de Caen).
Apparu en Gaule vers –300, l’usage de la monnaie y reste parcellaire jusqu’à la fin du IIIe siècle avant notre ère. Il connaît ensuite un essor considérable.

Une société imprégnée de religion
« Idées fixes » sur la religionEn quoi croyaient les Gaulois ? Qui était leur personnel religieux ? Où célébraient-ils leurs cultes ? Vestiges archéologiques et textes anciens révèlent la riche spiritualité des Gaulois, comparable à celle des grandes civilisations antiques.
La religion gauloise revisitéeChristian Goudineau - est archéologue. Professeur au Collège de France, il y est titulaire de la chaire des Antiquités nationales.
Les rites religieux celtes qu’on croyait célébrés dans la nature auraient eu lieu dans des sanctuaires. Dès lors, on réinterprète nombre d’indices de la pensée religieuse gauloise, dont le chaudron de Gundestrup, un récipient cultuel trouvé au Danemark.

L’origine orientale de la religion celtiqueJean-Louis Brunaux - est directeur de recherche au CNRS et membre du Laboratoire d’archéologie d’Orient et d’Occident de l’École normale supérieure de Paris.
Les données archéologiques confirment l’origine orientale de la religion gauloise évoquée dans les textes anciens. Différents des prêtres grecs ou romains, les druides ressemblaient aux personnages religieux de l’Orient ancien.
Des banquets ritualisésMatthieu Poux - est professeur d’archéologie à l’Université Lumière Lyon 2.
À l’encontre de leur réputation de ripailleurs intempérants, les Gaulois pratiquaient des banquets minutieusement codifiés. Les dieux et les chefs étaient ainsi honorés.

La nécropole celtique de RoissyThierry Lejars - est archéologue au Laboratoire Archéologies d’Orient et d’Occident (CNRS/ENS Paris).
Au début du IIIe siècle avant notre ère, les Celtes de Roissy ont enterré l’un des leurs sur un char d’apparat, orné de somptueux objets en bronze. L’apparition de ce rituel correspondrait à une évolution des traditions locales plutôt qu’à l’arrivée d’envahisseurs venus d’Europe centrale.

La guerre, fondement de la société
« Idées fixes » sur la guerreLa guerre était omniprésente dans les sociétés gauloises. Stratégies, entraînement, armes, les Gaulois avaient développé en ces domaines des compétences qui en faisaient des adversaires redoutables.
Le Celte, éternel ennemiPatrick Thollard - est maître de conférences Archéologie-Antiquités nationales à l’Université Paul Valéry-Montpellier III.
Pour les Grecs, les Celtes furent d’abord des Barbares sans intérêt. Les guerres qui les opposèrent aux souverains hellénistiques et à Rome en firent ensuite des ennemis dangereux. Cette image négative servait si bien les intérêts romains qu’elle se fixa et a perduré jusqu’à aujourd’hui.

Des sociétés guerrièresJannick Ricard - médecin légiste et praticien au CHU d’Amiens, étudie les os découverts dans le sanctuaire de Ribemont-sur-Ancre.
Les fouilles des sanctuaires gaulois et les textes antiques nous font découvrir des guerriers redoutables, qui ne sont pas sans rappeler les célèbres hoplites grecs.

Les casques de TintignacChristophe Maniquet - est archéologue à l’INRAP, il dirige une fouille sur le sanctuaire gaulois et gallo-romain de Tintignac, en Corrèze.
Un casque figurant un oiseau était-il utile au combat ? Grâce à l’ensemble des objets retrouvés dans le dépôt de Tintignac, les archéologues font des hypothèses sur l’utilisation de tels couvre-chefs.

La perte de l’indépendanceAlain Deyber - est docteur d’État en histoire et civilisation de l’Antiquité.
Quand et comment la Gaule a-t-elle perdu son indépendance ? Par une victoire des armées de César contre les forces gauloises ? La situation est plus complexe, et il a fallu à Rome bien plus que les huit années de campagnes césariennes pour soumettre la Gaule.

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A. P.