Fort Cochin, Kerala, août 2008
Il y a des jours où je me demande pourquoi il faut sans
cesse courir après l’invisible. Pourquoi cette traque haletante des chiffres et des pourcentages, dans ces pays où tout se cogne contre l’illusoire.
Qu'on me laisse relire les histoires de pieuvres géantes, de baleines et d’espadon. Je voudrais apprendre à mes voisins à contempler la mer qu’ils n’ont pas. Voir passer les bateaux comme au cinéma, là, au carrefour de nos ruelles.
Et laisser le temps se dissoudre dans la douceur du juste vivre, sous la bannière des lumières d’été. Vivre au hasard et jamais pour rien, à rêver d’être amoureux jusqu’à la fin.
"Il y a une sorte de plaisir aristocratique, pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir." (Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose)