La crise financière actuelle démarre des prêts hypothécaires pourris américains, dont le montant dépasse plusieurs milliers de milliards d’€. Leur titrisation au lieu de cantonner les risques aux organismes de crédit immobilier (et d’amener leur simple faillite) étend le problème au secteur bancaire mondial.
Mais, et c’est ce dont on s’aperçoit aujourd’hui, cette crise s’inscrit dans une méta-crise, celle de la hausse vertigineuse du montant du crédit, de l’endettement, notamment des USA (favorisé depuis plus de10 ans par la banque Fédérale US) et des techniques financières où la spéculation s’effectue aussi massivement, à crédit. La dégringolade des bourses mondiales de ce lundi montre que les actionnaires commencent à comprendre que nous entrons dans cette seconde phase.
La cause est le cadre d’une mondialisation financière instaurée par le consensus de Washington entre R. Reagan et M. Thatcher au début des années 80 qui a notamment permis d’attirer les capitaux mondiaux vers la finance américaine et la City, ce qui permettait aux USA de vivre confortablement malgré leurs déficits commercial et budgétaire. En attendant une hypothétique socialisation beaucoup plus massive des pertes bancaires (bien plus importantes que ce qu’on veut bien annoncer), à charge des contribuables, mais que les gouvernements n’osent pas entreprendre franchement de peur des réactions populaires, les bourses vont continuer à baisser, avec de brefs intermèdes de légères remontées spéculatives dans le contexte non plus d’une simple récession mais l’annonce d’une vraie dépression. Les propos lénifiants de MM. Sarkozy, Fillon, Woerth et de Mme Lagarde sont à apprécier dans ce cadre.
Les effets les plus immédiats sont, à peine entamés, une succession de faillites d’organismes financiers et de quelques banques ainsi qu’une restriction drastique du crédit. Dès maintenant, commencent les retombées sur l’économie réelle, une nouvelle baisse du niveau de vie, une nouvelle hausse du chômage, des faillites en chaîne accompagnant une dépression longue, même si les principaux pays émergeants devraient l’éviter au prix d’un fort ralentissement.
Je me souviens d’une intervention de René Passet “Rationalité et cohérence d’une mondialisation à finalité humaine” (2003) dans laquelle il décrivait les mécanismes (les 3 D)du consensus de Washington:
- “dérèglementation, ou suppression des obstacles règlementaires à leur circulation (des capitaux- ndr).
- désintermédiation ou financement des entreprises et des Etats par recours direct au marché financier sans passer par l’intermédiation du système bancaire, et
- décloisonnement , c’est-à-dire ouverture des frontières et réduction des barrières existantes entre les différents marchés financiers et budgétaires”.
Il en décrivait les effets:
- “repliement de la « sphère financière » sur sa propre logique, déconnectée des impératifs de l’économie réelle. La spéculation devient un des principaux moyens de gagner de l’argent.
- la sphère fiancière voit sa capacité renforcée d’imposer sa logique à tous les niveaux de la vie économique. … C’est désormais l’instrument qui impose sa loi, le capitalisme s’est fait actionnarial”.
Au delà des pleurs et des grincements de dents des plus défavorisés et des classes moyennes qui vont se produire durant les 2 à 5 ans qui seront nécessaires pour digérer cette crise, cette période marque une rupture; elle ne permet plus les ricanements méprisants à toute objection contre les dérégulations, des idéologues pour lesquels le marché, la concurrence “libre et non faussée” constituent l’alpha et l’oméga et la démonstration de l’imbécilité-bible de tous les libéraux selon laquelle les marchés tendent spontanément à l’équilibre.
Notre Président, comme à son habitude,s’empresse de saisir l’occasion pour faire de la “com.”. Voyage à New York, réunion des banquiers, vsite à Renault-Sandouville, réunion du G4, …. La seule réelle information de son discours de Toulon est dans la garantie par l’état des dépôts bancaires. Or celle-ci était déjà inscrite dans la loi “jusqu’à concurrence de 70 000 €”. Il recommence le même cadeau aux riches que pour les droits de succession dont (90% étaient déjà exonérés de taxes, ceux inférieurs à 450 000 €), garantissant donc les dépôts en Banque de plus de 70 000 €, déplafonnement vite suivi par Mme Merkel.
Quant à la Conférence Européenne (G4) convoquée à grand renforts de médias de ce week-end, elle se conclut en fait en fiasco politique complet, chaque état ayant décidé de faire cavalier seul dans les sauvetages de ses propres banques, quand ils ne font pas comme l’Irlande, essayant de profiter de la chose pour essayer de plumer la City.
Que nous disent maintenant les “ouistes” de gauche au Traité Constitutionnel? Je me souviens d’avoir expliqué, à l’époque, que c’était un traité taillé sur mesure pour le capitalisme actionnarial.
- Israel: “…le Conseil des colons de Judée et de Samarie (noms biblique de la Cisjordanie) a publié des chiffres qui, selon le quotidien israélien Maariv du 5 octobre, font état d’une croissance continue: 15 000 nouveaux colons depuis 2007 et un total de 50 000 depuis l’arrivée de M. Olmert au poste de premier ministre en mars 2006″. Sur le blog Guerre ou paix.
- Etats généraux sarkoziens de la presse: le point de vue intéressant d’une tribune du Monde .
- Après la crise ? La tribune de JL Andréani dans Le Monde et la dérive des travaillistes anglais.
- Crise ? Ne pleurez pas, certains s’en sortent! Voir cet article du NouvelObs .