Chef de file de l'école monétariste, les Chicago Boys, sa pensée est étroitement associée à la politique économique de l'ère Reagan et Thatcher. L'idée forte est que le point essentiel sur lequel les autorités doivent agir est représenté par la masse monétaire, sur laquelle on intervient principalement via les taux d'intérêt fixés par la Banque Centrale. L'objectif est d'assurer une croissance régulière de la masse monétaire, non inflationniste. Dans son livre publié en 1963, "A Monetary History of the United States, 1867-1960", il a montré que les récessions ont été précédées par des contractions de la masse monétaire. C'est particulièrement vrai pour la crise qui a suivi de krach boursier de 1929.
Son livre le plus connu est "Capitalism and Freedom", traduit en 1971 en français sous le titre "Capitalisme et Liberté", recueil d'articles et de conférences.
Au début des années 1980, l'application pratique de sa pensée a conduit à la période de forte hausse des taux d'intérêt, pour lutter contre l'inflation. La France de 1981-1982, avec son gouvernement bien à gauche, a d'ailleurs suivi le mouvement.
Milton Friedman expliquait également qu'il y avait un taux de chômage naturel minimum, et que les politiques expansionnistes visant à le faire baisser conduisaient invariablement à de l'inflation. Je me souviens à ce sujet que lorsque je travaillais sur le Matif, les réactions du marché, sur le contrat notionnel, étaient l'illustration parfaite de la théorie monétariste. Baisse du chômage => hausse des taux, et donc baisse immédiate du contrat; on cherchait à quel point se situait le "nairu" : non accelerating inflation rate of unemployment. De nombreux indicateurs, comme le taux d'utilisation des capacités industrielles, servaient de proxy pour évaluer le nairu.
De nos jours, l'action des banques centrales indépendantes est imprégnée de la pensée du Professeur Friedman, ce qui est une source de critiques permanentes envers la BCE, en particulier.
La "nouvelle économie" du XXI ème siècle a cependant montré que l'on pouvait faire descendre le taux de chômage aux USA à des niveaux proches de 4%, sans accélération de l'inflation. C'est plutôt une preuve de la réussite des politiques économiques et monétaires fondées sur les apports de Milton Friedman : finalement, le nairu n'est pas fixe, mais peut baisser.
Si vous voulez lire un peu de Friedman, je vous suggère son discours pour la réception du Prix Nobel d'Economie en 1976, ainsi que cet intéressant article publié par le Wall Street Journal en 2003.