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Elisabeth George – Le lieu du crime

Publié le 06 octobre 2008 par Castor
Le quart de couverture prévient « D'emblée, le décor est planté : le manoir écossais de Westerbrae, à plusieurs kilomètres de toute habitation, est transformé en hôtel. Une troupe de comédiens de Londres répète sa nouvelle pièce, sous la direction du producteur Lord Stinhurst. Dès la première nuit : un meurtre! Les suspects sont pratiquement aussi nombreux que les personnes présentes. Chacun aurait eu une bonne raison de supprimer l'auteur de la pièce, Joy Sinclair, une femme pleine d'avenir. C'est dans une atmosphère terriblement lourde que l'inspecteur Lynley et son adjointe, Barbara Havers, vont mener leur enquête, mettant à jour scandales familiaux, rivalités théâtrales et attitudes passionnelles. L'enquête est d'autant plus difficile pour l'inspecteur que l'une de ses amies de coeur, Lady Helen, est étroitement mêlée au drame. C'est alors que l'homme à tout faire de l'hôtel est, à son tour, sauvagement assassiné.... »
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Des crimes, des personnages hauts en couleur, une intrigue complexe, le jeu des classes sociales entre un enquêteur issu de la noblesse (huitième comte d’Asherton) et sa collègue Barbara Havers, les ingrédients d’un polar au classicisme anglais digne d’Agatha Christie semblent réunis. Lors d’une répétition d’une pièce de théâtre, l’auteur est assassinée. L’occasion de découvrir des scandales familiaux, des rivalités ancestrales, des adultères consommés, des manipulations en haut lieu. Tout concourre à passer un agréable moment de lecture. Cette lecture fut pourtant laborieuse. Est-ce la volonté d’élever le roman policier à de la « vraie » littérature qui pousse sans doute l’auteur à se perdre (et moi avec) dans la subtilité des caractères des personnages ? J’ai souvent perdu le fil de l’intrigue, confondu les personnages, repris la lecture avec difficulté et éprouvé un grand ennui à la lecture de ce roman. Dommage, j’ai acheté du même auteur « un nid de mensonge » dont je n’ai pas le courage d’aborder les 817 pages.
Extrait :
Au premier abord, David Sydeham ne semblait pas le genre d'homme auquel une femme aussi célèbre que Joanna Ellacourt puisse rester mariée près de vingt ans. Lynley connaissait la version « conte de fées » de leur histoire, les fadaises que les feuilles de chou offrent en pâture à leurs clients pour lecture rapide dans le métro aux heures de pointe. Histoire plutôt banale, celle d'un jeune employé d'agence théâtrale de vingt-neuf ans, fils d'un ecclésiastique de campagne, avec pour seuls atouts un physique avantageux et une assurance inébranlable, qui avait découvert une jeune fille de dix-neuf ans originaire de Nottingham qui jouait les Ophélie dans un théâtre de troisième zone. Il l'avait persuadée de joindre son sort au sien, la sortant ainsi du milieu ouvrier sinistre dans lequel elle avait grandi, lui avait offert professeurs d'art dramatique et leçons de diction, l'avait accompagnée pas à pas dans sa carrière jusqu'à ce qu'elle se révèle la comédienne la plus prisée du pays, et sans jamais cesser de croire en elle.
Vingt ans plus tard, Sydeham était encore d'une beauté chargée de sensualité, mais une beauté décatie et une sensualité qui avait trop souvent pris le pas sur le reste, avec des conséquences malheureuses. Les premiers signes de la détérioration apparaissaient. La chair s'était amassée sous son menton, son visage et ses mains étaient nettement bouffis. Pas plus que les autres hommes de Wes-lerbrae, il n'avait eu le loisir de se raser ce matin-là, et son aspect en pâtissait. Une barbe drue lui assombrissait les joues, accentuant les cernes de ses yeux aux paupières lourdes. Pourtant, il avait l'art de s'habiller en tirant le meilleur parti de son aspect physique. Sa carrure de taureau était prise dans une chemise, une veste et des pantalons visiblement taillés sur mesure, qui sentaient l'argent, de même que sa montre et sa chevalière, qui étincela à la lueur du feu lorsqu'il s'assit dans le salon. Il s'était installé dans un confortable fauteuil plongé dans la pénombre, au fond de la pièce, remarqua Lynley, et non sur une chaise à haut dossier.
— Je ne suis pas sûr de très bien saisir votre rôle ici, ce week-end, entama Lynley, tandis que le sergent Havers fermait la porte et s'asseyait à la table.

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