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Jodorowsky remet le couvert pour nous administrer une nouvelle injection de méta-blood au charisme destructif et invincible. Mais ce n’est ni avec Moebius (avec qui il a créé le personnage) ni avec Gimenez (avec qui il a fait la série La Caste des Méta-Barons) mais avec Zoran Janietov (Avant l’Incal et Les Technopères) et Travis Charest (d’où il sort ?). Se sont partagés les planches (concept étrange certes). La Caste apportait un renouveau frais et plutôt bien designé par Gimenez même si les 8 opus ont fini par traîner la patte au bout d’une certaine génération (manque d’originalité cruel), on peut penser bien dangereux de réitérer l’opération avec le même scénariste et 2 dessinateurs sur un thème restreint comme les Armes du MB… Reste à savoir si ce concept peut s’étendre à plusieurs opus (tout y porte à croire).
Au niveau du design, rien de bien choquant : toujours coloré, légèrement moins sanglant que Juan mais assez cohérent et plutôt agréable même. En ce qui concerne la trame, on se bouffe les termes méta-barbares habituels à la série (omphale, ennéade, omnigraal, transpinéal etc.) et le MB se retrouve dans des situations chaque fois ultimes et inconcevables auxquelles il triomphe glorieusement et simplement. On en vient à ne plus comprendre vraiment où est la difficulté : on sait pertinemment que la surpuissance qui l’habite lui permettra de toute façon de niquer la bête, aussi impitoyable et volumineuse soit elle. On tombe dans une monotonie sans surprise où on ne fait qu’admirer la qualité de la fresque. Dans ce registre SF, on regrette amèrement les sensations. A aucun moment, on doit laisser reposer la 4ème de couverture le temps de s’essuyer la moiteur excitante de la paume. A aucun moment, on relit frénétiquement qqs passages surprenants, profonds ou mystérieux. Ici, on parcourt à l’instar d’un exhibition tour. Sans analyse ni émotion.
Je reste très sceptique quant à la suite car à mon sens il y a bien plus intéressant à exploiter chez cet homme intégriste sans religion que ses moyens de destruction massive. Jodorowsky pencherait-il pour une opération commerciale ou s’essoufflerait-il en arrivant à ses limites de créativité ?
C.