Encore du rattrapage, et toujours à propos de cette "crise" qui a fait de notre Très Grand Homme (TGH) un grand anticapitaliste, ce qui est le seul moyen de sauver le capitalisme.
Que faire donc de cette nouvelle pousse dans la rhétorique sarkozyënne, cette idée de fabriquer un nouveau capitalisme qui sera juste, éthique, qui supprimera la rente, qui fera en sorte que tout le monde sera content, que le travail sera récompensé, la fainéantise sera punie, et tout le reste ? Évidemment, notre anti-sarkozysme, tout aussi primaire que le premier jour, nous dit que ces nouveaux sentiments carrément socialistes ("marché régulé" et tout ça) sont forcément mauvais signe, cachent quelque chose, des funestes manoeuvres à venir. Et, bien sûr, Sarkozy lui-même nous poussent vers cette interprétation, puisque son discours de Toulon aboutit à une Défense du Paquet, un coup sur les trente-cinq heures, la promesse de continuer de nous accabler de ses réformes. Beaucoup de bruit pour rien, comme d'habitude.
On a finit par comprendre, depuis le temps de "l'ouverture" dont on ne parle plus du tout, que chaque coup "à gauche" du TGH dissimule, plus ou moins bien, la subversion de la valeur au nom de laquelle la mesure est prise. Tout porte à croire que ce scénario familier va se répéter une nouvelle fois. La grande lutte contre le capitalisme va se traduire par une aide aux banques. Les contribuables paieront et les banques resteront intactes. Le monde de la finance continuera comme avant, avec, éventuellement, quelques inflexions réglementaires. Mais au fond, nous allons donner des sous aux banques. Quelle meilleure façon d'habiller une mesure qui videra la caisses déjà vides, qui va transférer la dette des banques vers la dette Nationale, qu'en disant que l'on va tout faire péter, que plus rien sera comme avant, que les traders seront fouettés en public. Que de plus économique que de payer ce bon peuple de mots.
Je ne prétends pas comprendre toute la mécanique des subprimes et leurs suites. Pas trader pour un sous, moi. Et je me méfie un peu des mondes parallèles que l'on pourrait imaginer pour remplacer le système actuel, qui seront irréalistes non parce qu'ils seraient moins bien faits que celui-ci, mais simplement parce que le présent système est déjà en place et que toute solution, si on imagine un consensus international sur la question, ce qui est déjà plus que douteux, toute solution doit non seulement marcher, mais pouvoir gérer la fin du présent système. Les interventions étatiques en train de se faire actuellement n'ont d'autre but que d'éviter le véritable cataclysme qui remettrait véritablement en cause les méthodes actuelles.
Mais en tout cas, il y aura cette négociation, ce jeu pour déterminer la part des états dans le gâteau à venir. Et la droite, une fois débarrassée de son sur-moi libéral (qu'il est doux d'écrire ces mots!) va lutter pour que l'État, et donc les contribuables présents et futurs, paient plus, pour que les banques et autre intérêts financiers paient moins. Nicolas Sarkozy, toujours aussi subtile, est déjà en train de créer l'écran de fumée pour permettre cette opération, pour foncer dans la dette - "c'est la faute à la crise" - afin soutenir nos pauvres banques françaises, victimes de... d'elles-mêmes.
Ce qui est presque aussi drôle que le discours de Toulon lui-même, ce sont les réactions de certains supporters de Sarkozy. J'imagine ce que doivent penser en ce moment certains de ces électeurs centristes dont le souci principal est la réduction de la dette. Prenez cet édito d'Yves de Kerdrel au Figaro. Le pauvre Monsieur de Kerdrel est déçu. Pire que déçu. Car il se trouve qu'il y a deux Nicolas Sarkozy, le bon et le mauvais. Le "bon" était celui qui allait remettre le travail et l'entreprise au goût du jour, le mauvais est l'Etatiste, le volontariste, l'avocat d'"un État paratonnerre, dans l'orage boursier, parapluie dans l'averse de mauvaises nouvelles économiques".