J’aime bien mon coiffeur. Vieux crabe à l’œil vif, ancien légionnaire tatoué comme il faut –on dirait Ivane- qui a toujours une histoire de bat d’af ou de raid nocturne sur la RC4 ou dans les Aurès...Outre le fait d’être particulièrement politiquement incorrect en ces temps de grégarisme festif et métissophile, il a toujours quelques calendriers de filles à gros seins qui font la joie de tous autour de moi.
Mais la
littérature de salons de coiffure réserve parfois des surprises, comme cette info trouvée dans Marie France (!) que je vous livre :Carlsbad, Nouveau Mexique (USA). A 600 mètres sous la surface de la terre, une ancienne mine de sel héberge un site de déchets atomiques. Le sarcophage, garanti 10000 ans, sera saturé et fermé en 2033. Mais comment avertir le terrien de 12033 des dangers du sous-sol ? Comment parler aux générations futures, quand les langages que nous connaissons aujourd’hui auront probablement disparu ? Les chercheurs de l’équipe inter disciplinaire du Waste Isolation Plant Project, en charge de cette archéologie inversée, ont trouvé une solution. Le site de Carlsbad sera constellé de monolithes gravés d’un symbole universel de la terreur : « Le cri » d’Edvard Munch, datant de 1893.
Je crois que ce choix est judicieux. Ce tableau m’a toujours glacé. Toutes les lignes du tableau semblent converger vers un seul point : la bouche ouverte dans un cri. Comme si le peintre Norvégien voulait exprimer la transformation de toutes nos sensations sous l’influence d’une émotion soudaine. On dirait que le paysage lui-même prend part à l’émotion et à l’angoisse exprimée par le visage tout convulsé comme un croquis de caricaturiste. Les yeux écarquillés, le menton creux font penser à une tête de mort. L’impression de terreur prend toute sa force du fait que la cause en demeure mystérieuse.