trad. de l'anglais par Marie-Hélène Dumas
Collection Littérature étrangère/Joëlle Losfeld, Gallimard (2005)
Luisa vit avec sa mère, à Malagita, un petit village sur l'ile de San Pedro, dans les Caraïbes. Son père naturel est le fils de Dona Beatriz de la Cueva, propriétaire de la plantation de canne à sucre, chez qui sa mère travaille comme domestique.
Luisa voue une grande affection à sa grand-mère maternelle, qui vit au village et elle ne comprend pas les raisons de la brouille entre sa mère et sa grand-mère. Elle aura également l'occasion d'entrevoir sa grand-mère paternelle, lorsqu'elle accompagnera quelquefois sa mère à la "grande maison".
Après le mariage tardif de ses parents et le début d'une révolution dans l'île, Luisa va suivre ses parents à New-York, où son père a décidé de fuir.
Toute sa vie, Luisa va balancer entre deux conditions sociales : celle de fille de domestique travaillant au jour le jour pour assurer sa survie, et celle de fille de propriétaire terrien ayant tout perdu et étant peu préparé à la nécessité de travailler.
Elle va choisir le côté de sa mère, en arrêtant prématurément ses études, en commençant à travailler elle aussi comme domestique. Son mariage avec Tom, un journaliste, lui donne l'occasion de sortir de sa condition, au fur et à mesure que leur situation financière s'améliore, suivant la progression professionnelle de Tom, mais elle n'arrive pas à renoncer à ses habitudes de pauvre, ce qui va entraîner l'échec de leur mariage.
Luisa va alors élever seule son fils Charlie, en cumulant les emplois de domestiques. Quarante années s'écouleront avant qu'elle réussisse enfin à retourner sur l'île de San Pedro, sur les traces de son enfance à Malagita.
Comme dans Côte Ouest et Le dieu des cauchemars, c'est l'itinéraire d'une femme que nous suivons dans ce livre de Paula Fox. La différence, ici, c'est que l'histoire commence lorsque Luisa est enfant, ce qui rend le personnage très attachant. Il est plus facile de comprendre ses difficultés de femme, puisque nous l'avons accompagnée dans son déracinement et que sa nostalgie de l'enfance est très émouvante.
J'ai aussi aimé dans ce livre l'évocation des relations entre Luisa et sa grand-mère, auprès de qui elle trouve beaucoup d'amour et de compréhension, tandis que les relations avec sa mère sont plutôt source d'angoisse et de conflits. Le père de Luisa, également présent dans l'histoire, n'assume pas le rôle protecteur qu'il devrait avoir et toute sa vie, Luisa devra faire ses choix sans compter sur son appui.
En résumé, une lecture dont je garderai un très bon souvenir !