Cela fait bien longtemps que les frères voyous d’Oasis ont fini de défrayer la chronique. Non plus celle du Sun, à peine celle de son homologue le NME. L’enthousiasme qui accompagnait les nouvelles frasques musicales des deux frangins s’est peu à peu changé en lassitude. Ivresse d’un pilier de bar, qui continue de radoter hauts-faits d’arme et autres conquêtes. Mais s’ils ne sont pas totalement imaginaires, ces faits d’arme, je les ai suivis aussi longtemps que j’ai pu, allant même à me procurer les albums les plus ingrats, post-Be Here Now (lui-même, un énorme gâchis), dans l’espoir de retrouver à chaque fois une galette de la carrure des deux premiers. Depuis, mon intérêt s’est sacrément émoussé. Et la prochaine arrivée de Dig Out Your Soul ne suscite plus aucune illusion.
Creuser, puisqu’il est bien enfoui l’âge d’or de la Britpop et ses albums bourrés d’hymnes populaires, l’hystérie collective des fans et de la presse et ses innombrables autres excès. Envolé, le temps du Morning Glory ! A quelques exceptions près, la majorité des survivants – ceux qui ont eu la mauvaise idée de continuer, ou de se reformer – se traînent une série de disques plus décevants les uns que les autres (Forth, The Verve ; Diamond Hoo Ha, Supergrass). Aujourd’hui, il semble que la Britpop soit exclusivement le signe d’un temps révolu, que les productions des artistes premières générations encore en course ressemblent à des tentatives désespérées de retour dans le passé. Une sorte de cabinet des antiques qui retrace les exploits épiques (I Should Coco, Hurban Hymn, The Stone Roses, etc.), dorénavant poussiéreux, d’une page de l’histoire du rock anglais. À ce niveau-là, mieux vaut ne pas remettre sur le tapis les précédents exploits d’Oasis puisque tout le monde les connais depuis trop longtemps.
Que les amateurs, tout comme les détracteurs, se rassurent : Oasis est l’égal de lui-même, en perte d’inspiration depuis Morning Glory. Autre point : ils aiment toujours autant les Beatles et ça s’entend. Sitôt passée l’ouverture en grande pompe "Bag It Up", viens "The Turning", dans la grande tradition mélodie bruitiste cinglée par l’organe vocal de Liam, qui se termine sur quelques accords de guitare beatleiens. Quand la ballade "I’m Outta Time" inclut même des samples vocaux de John Lennon, les accents des Beatles se retrouvent dans la majorité des titres de l’album, notamment sur "To Be Where There’s Life" à la sauce Sgt. Pepper ou sur "The Shock Of The Lightning", qui évoque la période fastueuse d’Oasis et ses titres formatés pour les stades. Heureusement, les deux frères ont repris en main le songwriting qu’ils avaient par le passé, délégué pour certains titres à leurs musiciens ; malheureusement, Noël interprète encore certains titres ("Falling Down", "Waiting For The Rapture",…), mais limite la casse. Dig Out Your Soul est le premier album publié sur le label du groupe, Big Brother. A peine convaincant, le nouvel opus peut séduire les auditeurs qui ne sont pas encore gavés des précédentes réalisations.
En bref : Dans la veine des précédents albums, Oasis livre une galette redondante, honnête pour les fans – si l’on ne tient pas compte des déclarations fracassantes « A fookin’ great album » –, fortement dispensable pour les autres.
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"The Shock Of The Lightning"