Ed Harris nous plonge dans le quotidien d’une ville divinement nommée (Appaloosa) où sévissent Bragg et ses acolytes, friands d’alcools, de femmes, de bagarres et de meurtres.
Virgil Cole (Ed Harris) et Everett Hitch (Vigo Mortensen) sont embauchés pour y faire régner l’ordre. Nommés shérif et shérif adjoint, ils surveillent la ville du bout de leurs revolvers protecteurs, tout en faisant la rencontre d’ Allie (Renée Zellweger), une jeune femme polie au visage jovial et aux manières volages.
Mais il en faudrait plus, bien plus, pour briser l’amitié d’Everett et Virgil. Car Appaloosa est avant tout un film sur l’amitié des deux hommes.
Le jeu d’Ed Harris et Vigo Mortensen, remarquable de complicité, tout comme les rebondissements du scénario, donnent lieu à une partition amicale rêvée, où la confiance ne connaît pas le doute. Cette confiance inébranlable donne d’ailleurs lieu à une scène cocasse où Allie, entre les deux hommes, tente en vain d’accuser Everett d’avances à son égard.
Le personnage d’Allie, joué par Renée Zellweger est troublant : fragile, au sourire enfantin, aux bonnes manières, mais qui ne peut, aussi, s’empêcher de s’offrir à l’homme fort de chaque situation. La femme est duelle. Virgil et Everett sont deux amis. Belle différence, misogyne pourtant.
Quant aux femmes en général, leur situation reste celle des westerns classiques : des êtres qui ont besoin d’être protégés par les hommes, quelquefois infidèles, quelquefois laissées au bord de la route même si elles étaient aimées.
L’histoire, quant à elle, ne propose pas de grands instants de bravoure. Une constance l’anime, calme et résolue, assez semblable au caractère d’Everett. C’est la présence du second degré et de l’ironie qui donnent au film tous ses changements d’humeur : comment ne pas rire devant un shérif qui, à plusieurs reprises, est incapable de trouver le bon mot pour continuer sa phrase ? Comment ne pas sourire devant cette scène fortement cocasse où Virgil Cole, un sourire naïf et heureux aux lèvres, suivi d’Allie au sourire identique, s’installent à la table d’Everett en se dévorant du regard ?
Appaloosa, enfin, manie avec subtilité les figures de la substitution et du renversement : l’adjoint du shérif n’est-il pas le vrai héros, finalement, comme le laisse suggérer le dénouement de quatre manières différentes ? Bragg, le méchant détesté ne peut-il pas devenir un homme accepté par les dirigeants d’Appaloosa ?
Finalement, un seul ingrédient manque à ce western humble et efficace : les appaloosas… Dommage.
Note: 7,5/10
Un appaloosa, qui aurait pu figurer dans Appaloosa...