Le Mondeinformatique.fr nous apprend dans un article publié il y a quelques minutes que les investissements liés à l’internet en Europe chutent de 46 %.
Ainsi, d’après le journal :
Au premier semestre de l’année, les sociétés françaises de capital-risque ont investi 470 M€ dans les entreprises européennes, soit dix fois plus qu’en 1998 - date de création de l’indicateur Chausson. Malgré un contexte économique maussade, ce 20e indicateur reste donc optimiste, sauf pour le secteur d’Internet et du e-commerce /…/ avec seulement 49,5 M€, soit 11% des sommes investies. Ce segment, ainsi que celui des éditeurs de logiciels, est par ailleurs éjecté du top 10 des tours de table les plus importants. Après quelques semestres difficiles, les télécoms renouent enfin avec la croissance, en doublant quasiment le montant des investissements en un an (61,7 M€ contre 33 M€).
Pour plus de détails je vous invite à lire l’article en question ici. Il est difficile d’analyser cette situation avec une vue d’ensemble tant plusieurs éléments convergent à l’aune de ces chiffres.
Les variables structurelles que l’on avance généralement pour expliquer le manque d’investissements (dans tous les sens du termes) des capital-risqueurs dans l’internet sont connues (des mentalités et un écosystème différents de celui présent dans la Silicon Valley; la difficulté de faire perdurer un modèle économique viable sur le net, beaucoup de concurrence, peu d’élus…). Je pense que si ces suppositions sont en partie vraies, bien qu’elles véhiculent également certains stéréotypes, les européens (sans généraliser pour autant) ont du mal à s’approprier l’espace numérique de manière générale. Rappelons que pour fonctionner à grande échelle une idée doit être simple et toucher un grand nombre de personnes. C’est ce que nous expliquait il y a quelques mois déjà, notre Loic Le Meur national concernant le @ business à San Francisco. L’idée qu’aux Etats-Unis, les porteurs de projets, avant de rentabiliser leur affaire devaient plus se soucier de former une communauté, des plus vivantes, afin de donner une véritable crédibilité à leur projet. C’est le cas de Seesmic par exemple (même si on peut être triste que ce dernier soit né américain et non européen, snif) mais encore de You Tube, Facebook, Twitter, Digg enfin de tout ce qui tout en étant estampillé “geeky” s’approche franchement du grand public. Je pense que les investisseurs européens dans ce domaine (encore une fois pas tous) manquent de réactivité et en attendent peut être un peu trop de la part de projets présentés comme viables, sur des niches et à court terme. Aussi, ces projets là restent indubitablement, sur des… niches. Pour les investisseurs, il est nécessaire que cela rapporte beaucoup et surtout très vite, par conséquent ils ne laissent pas d’espace pour l’échec (dont on apprend beaucoup généralement), pour la réflexion à l’origine d’une bonne idée ou l’expérimentation qui est très recommandée dans ce secteur. Bref, messieurs et mesdames les capital-risquers, soyez plus “cool” (c’est aussi ça l’esprit San Francisco), plus inventifs envers nos jeunes pousses européennes (les concours ont de plus en plus de succès, bientôt nous parlerons de Seedcamp et du Web 08 qui sont uniques en Europe), acceptez de perdre un petit peu de temps en temps et vous aurez réunit les conditions pour gagner le e-jackpot en Europe, c’est sûr.
Pour finir, je m’accorde le bénéfice du doute quant aux raisons ici évoquées tant la baisse des investissements liés à l’internet pourrait finalement être mondiale. Savez-vous quelle est la situation actuelle aux Etats-Unis, en Asie ? En dehors de toute considération liées à la conjoncture car chacun n’est pas sans savoir que les investissements des capitaux-risqueurs ne suivent pas le même cycle de vie que les fluctuations boursières (cf. LeMondeInformatique.fr du 23/09/08), je vous pose la question, car moi même je ne le sais pas. Si vous avez une réponse avant que je ne la trouve ou que vous n’êtes pas du même avis sur les intentions des investisseurs du net européens, faites-le savoir.