Oui, il y a un petit contre sens dans l’intitulé, c’est n’est pas volontaire :p
Je ne vais pas recopier mot pour mot la nouvelle déjà moult fois répliquée sur le net (dans les blogs et même les journaux réputés sérieux). Et puis la redondance a ses limites. Par ailleurs, ceci n’enlève rien à l’importance de la nouvelle de ce billet : Microsoft crée un centre de recherche Internet européen à Londres, Munich et Paris Issy-les-Moulineaux. (en Norvège également)
Le centre français (conférer la photo du futur siège ci-dessus) comptera une centaine de chercheurs. Il aura pour mission d’innover en termes de recherche sur internet et renforcer la présence déjà significative de Microsoft en Europe, qui comptabilise déjà 40 centres de “recherche et développement”. Ce n’est pas tout à fait confirmé, mais Microsoft serait prêt à investir un milliard en France (300 postes de chercheurs) sur un budget de 8,5 milliards de dollars accordé à la recherche.
L’ambition de Microsoft et de concurrencer Google, qui domine 70% du marché sur internet, contre 9% pour lui-même. Ainsi, le centre se consacrera à des travaux liés à la recherche sur Internet (pour la recherche fondamentale, Microsoft a lancé un partenariat avec l’INRIA). Pour résumer, on peut reprendre les termes évoqués par Steve Ballmer lui même (CEO de Microsoft) :
“le « Search » est le point d’entrée de l’Internet, celui à partir duquel tout commence”
Le compte rendu de l’annonce proposé par ITR Manager est de loin le plus fournit. Il nous informe que le centre technologique européen travaillera sur trois axes clés :
- Effectuer des recherches plus pertinentes en articulant le mécanisme de recherche autour des spécificités linguistiques et en utilisant des développeurs européens qui auront la culture et la connaissance des marchés locaux.
- Rendre l’expérience de recherche d’informations plus riche, plus personnelle et plus dynamique en introduisant des fonctionnalités qui vont bien au-delà de l’affichage de dix liens. Par exemple : images, vidéos, sons et services liés à la situation géographique de l’utilisateur.
- Innover dans les modèles de publicité utilisés par les sites de recherche.
Autrement dit, pour Microsoft, il y a l’idée selon laquelle la recherche actuelle sur Internet (largement préemptée par Google) n’en est qu’à sa v1, sa première version. Pour le géant de Redmond, elle serait plus pertinente si elle partait de meta-données concernant l’utilisateur (sa géo-localisation, sa singularité) cela se défend. J’ai fait l’observation que les algorithmes de recherche de Facebook fonctionnaient un peu sur ce même mode. En allant chercher l’information supposée pertinente à partir du compte qui émet la requête. Et non à partir d’un schéma mathématique plus élaboré, comme c’est le cas avec le Pagerank de Google. Soit, c’est un point de vue qui se défend, on le partage ou pas. Il est vrai que les informations que les utilisateurs mettent gratuitement à la disposition de ces entreprises américaines pourraient au moins servir à cela. Moi, c’est surtout cette implantation de Microsoft en Europe que je trouve paradoxale. En Europe (et probablement ailleurs) des voix s’élèvent déjà contre la monopolisation de l’information par Google, et la seule réponse que l’on est trouvée pertinente, est de s’associer avec un autre géant américain. Géant qui rappelons le, a déjà été appelé à répondre devant les autorités européennes pour abus de position dominante.
Je ne m’attaque pas aux problèmes de la recherche française et à son déséquilibre privé/public, ni à celui des brevets, mais tout de même, je regrette que l’Europe n’ait pas son propre Google et cette implantation de Microsoft, par ailleurs profitable à bien des égards, n’aidera surement pas à faciliter son émergence. A moins que cela ne produise le contraire ? Espérons.
crédits photo 1 : ITR manager.com
crédit photo 2: Flickr