L’exposition en cours au Palais de Tokyo, une carte blanche à Jeremy Deller intitulée D’une Révolution à l’Autre (jusqu’au 4 Janvier) ne présente pas des oeuvres d’art. Elle nous montre principalement des objets ou des pratiques ordinaires, mais marginales, qui ne se prétendent pas artistiques, qui n’ont pas vocation à être montrées dans un centre d’art, ni considérées comme des oeuvres d’art. Deller et son complice Alan Kane ont assemblé une collection d’objets et une documentation sur l’art populaire anglais, pratiques folkloriques un peu étranges, objets faits en prison ou au bureau, le genre de choses qu’on fait quand on s’ennuie ou qu’on est bourré, ou les deux. Cela semble relever plus de l’anthropologie, du défunt Musée des Arts et Traditions Populaires, que de l’art contemporain, et du Palais de Tokyo. Le plus souvent, on passerait devant ces objets, ces photos sans même les remarquer, ou avec un petit sourire en coin, mais ici, on regarde. Y a-t-il une part de condescendance, d’intellectualisation dans une telle exposition ? Peut-être, de la part de l’institution et des visiteurs; sûrement pas de la part de Jeremy Deller, chantre des luttes ouvrières, qui n’a nullement adopté, malgré le succès, l’approche distante, voire méprisante, d’un Martin Parr.
Par ailleurs, toujours sous l’égide de Deller, trois expositions musicales. L’une réjouit les nostalgiques de ma génération, pour qui le Golf Drouot fut le temple des yés-yés; elle provient des réserves du Musée des Arts et Traditions Populaires et c’est un plaisir de la voir resurgir ici, en attendant Marseille, un jour. Et, à en juger par l’assistance, elle semble intéresser aussi des visiteurs plus jeunes que les anciens fans de Salut les Copains et de Âge tendre et tête de bois, qui viennent retrouver là Johnny, Eddy, Dutronc, Sylvie, Sheila, etc…
Une autre présente de manière très scientifique les développements de la musique électronique en URSS dans les années 20 et 30; on y mentionne en particulier une symphonie de sirènes de bateaux dans le port de Bakou, qui dut être du plus bel effet.