[Pas de vendredi noir (Alain Sueur l’avait prédit), vote du Congrès acquis, le système ne va pas s’écrouler. Mais la “marche sur le feu” est le comportement qu’il va adopter sans aucun doute… Amusant parallèle - Argoul.]
Le umu ti ou marche sur le feu vient de umu = four et ti = racine d’auti (Cordyline termanilis, Taetsia fruticosa, famille de Liliacées). Il s’agit d’une cérémonie durant laquelle la communauté était réunie pour cuire dans le four traditionnel les ti, racines d’auti. On se préparait à la période sèche, matarii raro, qui dure de mai à novembre. Les ti étaient cuits de façon à les conserver de longs mois, c’était une nourriture de disette. Une marche sur le feu précédait la cuisson. La communauté s’assurait ainsi de la présence des dieux car on croyait que les dieux se retiraient pendant matarii raro.
Les plantes étaient cueillies la veille par un initié. Le sorcier s’écriait :E te mau Atua e
E ara outou, e tia outou
Te haere ra matou i te umu ti ananahi.
O dieux, réveillez-vous,
Levez-vous,
Vous et moi irons demain au umu ti.
Si les prêtres-guérisseurs (tahu’a), réussissaient à marcher sur le feu sans se brûler, c’est qu’ils avaient toujours le mana (pouvoir). La cuisson des ti réussirait donc, ce qui éviterait la famine.
Le four était une grande fosse longue de 8 mètres et profonde de 1,50 mètre, creusée dans la terre. Les pierres volcaniques y étaient chauffées pendant 24 heures et l’on disposait les ti dessus après préchauffage. La cuisson durait au minimum 20 heures.
Aujourd’hui, seule la marche sur le feu par les tahu’a demeure pendant les Heiva (fêtes traditionnelles) – on ne fait plus cuire de ti. Les dieux sont devenus les cargos ravitailleurs et les supermarchés. Seul demeure le folklore, le côté spectaculaire et le quart d’heure de célébrité des volontaires.
Sabine