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Afterschool

Par Rob Gordon
AfterschoolDepuis cinq ans et la sortie d'Elephant, on n'a plus assez de doigts pour compter le nombre de films indépendants se basant sur des faits divers sordides et touchant directement les adolescents. Heureusement, Afterschool est la plus honorable des oeuvres postéléphantesques, utilisant puis dépassant son caractère contemplatif et paranoïaque pour plonger avec vigueur dans une mer de cruauté et de malaise. Le héros du film d'Antonio Campos est Rob, un ado de seconde mal dans sa peau et pas très populaire, bientôt chargé de réaliser une vidéo rendant hommage à deux élèves du lycée fraîchement décédées. S'orchestre alors un drame à l'atmosphère sordide et épaisse, où il est aisé de partager le mal-être du garçon. Ce qui frappe après coup dans le film de Campos, c'est qu'il multiplie les formats et les supports (caméra amateur, téléphone portable, mini-reportages...) et que cela sert le propos sans que les ficelles soient jamais apparentes. Scène après scène, trouvaille après trouvaille, il renforce cette idée qui fait de l'image et des nouvelles technologies de puissantes armes de destruction adolescente. Loin d'être un réquisitoire à charge, Afterschool est cependant un film qui fourmille de messages et de questionnements.
Il y a ces jeunes acteurs, si criants de vérité qu'on jurerait les voir dans leur propre rôle ; et puis il y a cette mise en scène, qui pointe finement le calibrage d'une époque où chacun est censé entrer dans le même moule. La caméra tronquera ainsi les corps et visages des protagonistes n'entrant pas dans les normes imposées par le réalisateur (et par la société). Les mouvements de caméra seront tantôt amples et tantôt imperceptibles. Au bout du compte, c'est toujours le malaise qui pointe, ainsi que l'immense intelligence d'un scénario pauvre en rebondissements mais extrêmement riche d'un point de vue sociologique et psychologique (sans verser pour autant dans l'analyse fumeuse). Et malgré quelques tics de débutant (plans inutiles et faussement gênants), Campos s'impose comme un excellent portraitiste de cette jeunesse aussi dorée que brisée, quelque part entre Columbine et High School Musical.
8/10

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